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OPINION
18 avril 2020

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Nous sommes, comme individus, impuissants devant une crise d’envergure mondiale. C’est le constat que je me vis forcé de faire en cette pandémie printanière. Le moment où Mr Legault a fermé tout ce qui n’était pas considéré comme un service essentiel, je pense que tout le monde a pu faire ce constat. Notre seul pouvoir en tant qu’individus pendant cette pandémie, c’est d’attendre que ça passe. Pour moi, pour plusieurs autres peut-être, attendre chez mes parents que le virus arrête de courir les rues est comparable à des vacances forcées. Mais ceux qui se retrouvent du jour au lendemain sans travail ne peuvent rien faire d’autre que d’attendre et d’espérer tenir bon jusqu’à ce que cela finisse dans quelque mois ou jusqu’à ce que l’on trouve un vaccin. Nous faisons face à une catastrophe d’envergure mondiale, à la pire crise économique à l’échelle mondiale depuis le krach de 1929 et à la pire pandémie à laquelle nous avons eu à faire face depuis la grippe espagnole. Les projections du gouvernement canadien au moment au j’écris ces lignes prévoient un total entre 11 000 et 22 000 morts au Canada si nous arrivons à maintenir de fortes mesures de confinement et des estimations beaucoup plus effrayantes si le confinement échoue. Le virus a déjà tué, au moment au j’écris ceci, plus de 100 000 personnes à travers le monde.

​Je ne peux rien faire. Personne ne peut rien faire. Chacun d’entre nous ne peux que rester chez soi en croisant les doigts. De manière réaliste, la seule entité capable de prendre des décisions pour freiner ou endiguer le virus est le gouvernement. Nous, comme personnes, tout ce que l’on peut faire pour limiter la propagation, c’est d’attendre, confortablement chez soi, que la tempête passe. Le monde brûle devant nos yeux, et le nombre de morts augmente de jours en jours, mais tout ce que l’on peut faire, c’est attendre.

​Notre gouvernement fait tout ce qu’il peut, je n’en doute pas, mais le mieux qu’il puisse faire c’est de nous dire de rester à la maison et de préparer des lits d’hôpitaux. C’est parce qu’on s’y est pris bien trop tard, bien après qu’on ait passé le seuil de non-retour. La crise est déjà inarrêtable. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’essayer de limiter les dégâts.

 Même si nous serons portés à refuser de l’admettre au moment où nous ferons le bilan des morts à chaque matin, le ravage qui est causé par la maladie était évitable. On savait que cela allait arriver. En rétrospective, on ne peut pas faire comme si ce n’était pas vrai.

​On peut parler de cette conférence de Bill Gates qui nous avertissait en 2015 que la prochaine grande crise à l’échelle mondiale serait une pandémie et qui disait : « Nous ne sommes pas prêts. » On peut penser à la Chine qui aurait dissimulé le virus le plus longtemps possible. On peut penser à ce qu’on aurait pu faire quand on a appris que des milliers de personnes étaient infectés. On est en droit de se demander pourquoi il n’y a pas eu de contrôle sur les vols en provenance de Chine plus tôt ou pourquoi nous avons attendu à la mi-mars pour prendre des mesures alors qu’on se faisait marteler d’informations sur la COVID-19 depuis février? Est-ce qu’on pensait que ça allait s’envoler? Comme l’Ébola ou le SRAS? Que cela allait se régler rapidement et qu’on n’avait pas à s’en faire?

​Tout le monde a vu le problème venir. Tranquillement, doucement, nous l’avons regardé approcher jusqu’à ce qu’il soit trop tard. On a raison de se demander ce que l’on aurait pu faire, ce que l’on aurait dû faire quand cela a commencé, quand les premiers cas sont apparus. Parce que lorsque l’on prend un peu de recul, c’est encore plus déprimant de se dire qu’on aurait pu faire quelque chose, qu’on aurait pu imposer une quarantaine dans les aéroports plus tôt, qu’on aurait pu sauver des milliers de personnes.

 Ce virus aura créé une crise économique et humanitaire mondiale. La COVID-19 est un problème que la population, dans la mesure où elle doit continuer de travailler pour se nourrir et se loger, ne peut amoindrir ou arrêter sans l’aide externe du gouvernement. C’est une crise qui nous affecte tous et que plusieurs ont vu venir bien à l’avance.

​Je n’ai pas pu m’empêcher de faire un rapprochement avec le dérèglement climatique. La réponse tardive des gouvernements nous montre qu’à tout coup nous réagirons trop tard. Certains disent déjà qu’il est trop tard pour le climat. Moi ce que je dis, c’est qu’il faudra des milliers de morts avant que les gouvernements ne fassent quoi que ce soit. On peut penser qu’on s’en est bien tiré au Québec par rapport à la COVID-19, qu’on a réagi rapidement, en tout cas plus rapidement qu’aux États-Unis. Mais la vérité, c’est que si nous n’avions pas eu la chance de voir l’Europe se faire décimer par le virus une semaine avant, nous aurions probablement fini comme l’Italie, chez qui, au moment où j’écris cet article 18 000 personnes sont mortes de ce coronavirus.

​Bref, je crois que la crise de la COVID-19 ne fait que refléter notre impuissance face aux crises d’envergure mondiales, à nous comme individus, mais aussi à nous comme nation. Elle nous montre que le système sur lequel notre économie repose est plus fragile qu’on le croyait et que nous sommes vulnérables aux changements. Elle nous montre que si l’on veut pouvoir faire face aux crises qui nous attendent en ce 21e siècle, il faut se préparer à l’avance.

Ce que je retiendrai de la COVID-19

Vincent Gagnon

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