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OPINION
4 novembre 2020

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Ah ouin, t’es Québécois ?
Nomme les onze peuples autochtones vivant au Québec.
Non pour vrai, essaie.



C’est pas facile hein, parce qu’après Algonquins et Iroquois, t’es complètement largué.

La raison pour laquelle la majorité des Québécois ne peuvent dire combien de nations autochtones vivent sur le territoire québécois est parce que jamais dans le cursus scolaire l’histoire autochtone actuelle n’est abordée. Bien sûr, à maintes reprises, nous sommes éduqués sur leurs habitations ancestrales, leurs modes de vie ou encore leurs types d’agriculture, mais toujours d’une manière historique qui tend à oublier que les Premières Nations et les Inuits sont des membres actifs de la société québécoise d’aujourd’hui.

Il n’y a pas que ça. Les cours d’histoire passent extrêmement rapidement sur les injustices vécues par les membres des peuples autochtones. En 2015, le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation a publié une série de recommandations portant sur l’enseignement de l’histoire des Autochtones canadiens, afin que la jeunesse prennent conscience de l’ampleur des conséquences des pensionnats et des autres événements traumatiques vécus par les autochtones. Certains changements ont été mis en place après la publication de ce rapport, mais pour la plupart des activistes autochtones, c’est trop peu, trop tard. Selon eux, le changement doit se faire dans la façon dont est racontée l’histoire, pour arrêter de voir celle-ci de manière colonialiste et prendre en compte la place des Autochtones, et les injustices qu’ils ont vécues.

Malheureusement, les livres d’histoire sont encore biaisés et le racisme est solidement enraciné au Québec. J’ai n’ai besoin de rappeler à personne les infiniment tristes évènements du 28 septembre dernier. Il est toutefois crucial de se rappeler que : « Pour chaque Joyce Echaquan qui se présente, il y a des centaines qui ne sont pas entendues. »¹, comme l’a fait remarquer la sénatrice Yvonne Boyer, membre de la nation métisse de l’Ontario. Debbie Coon², Brian Sainclair³, Timothy Atlookan⁴, Kimberly Gloade⁵, Carole Dawson⁶, la liste ne finit plus, et le scénario est pourtant toujours le même : des hommes et des femmes autochtones, décédés dans d’horribles circonstances après avoir été ignorés et maltraités par le personnel soignant.

Le racisme ne se trouve cependant pas que dans le milieu hospitalier. Il se retrouve aussi dans les institutions de justice; dans la relation avec la police; dans l’accès à l’éducation, aux services publics; etc. Il est la raison pour laquelle entre 2016 et 2019, plus de 130 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées⁷. Il est la raison pour laquelle entre 2007 et 2017, plus du tiers des personnes tuées par balles par la GRC était d’origine autochtone⁸ et il est la raison pour laquelle encore aujourd’hui, 56 réserves autochtones n’ont pas accès à l’eau potable⁹.

Alors ? Qu’est-ce que l’on peut faire contre un système raciste aussi bien implanté ? Premièrement, on s’éduque. Consulte des ressources provenant des principaux intéressés, comme la Trousse d'outils pour les alliées aux luttes autochtones, un guide bien pratique pour comprendre ce qu’est un·e bon·ne allié·e et comment y arriver. Ensuite, fais tes propres recherches, apprends les fameuses onze nations et enseigne-les à tes ami·e·s. Utilise ta plateforme pour faire connaître l’enjeu à d’autres, peu importe si cette plateforme est Instagram ou l’association étudiante. Mais n’oublie pas, si tu n’es pas Autochtone, la conversation ne porte pas sur toi, les mobilisations ne sont pas là pour que tu paraisses bien. Utilise plutôt ton privilège pour donner une voix aux personnes réduites au silence, peu importe si c’est « trendy » ou pas.

Bonne lutte !

Connais-tu ton Québec ?

Madeleine Huard

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