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OPINION
29 novembre 2020

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Que font les gouvernements alors que la planète se meurt un peu plus chaque jour ? Fidèles à eux-mêmes, ils appuient le projet GNL Québec, qui à lui seul empêchera l’atteinte des cibles demandées par la GIEC. GNL Québec est composé de deux projets destructeurs : Gazoduq, un pipeline de 782 km et Énergie Saguenay, une usine qui liquéfiera le gaz naturel venu de l’Ouest.


Le projet Gazoduq, c’est plus qu’une ligne rouge sur une carte : c’est une cicatrice à la grandeur de notre territoire, c’est une longue blessure qui traverse nos rivières, nos boisés. C’est un sol pollué et appauvri, c’est l’exploitation de territoires autochtones non cédés que l’on tente, à nouveau, de voler. Le projet Énergie Saguenay, quant à lui, c’est une bombe à retardement installée dans un espace marin protégé. C’est le passage de méthaniers qui mesurent 300 mètres de long (l’équivalent de 12 baleines bleues) et qui sont de colossaux prédateurs pour le béluga (5 mètres), le rorqual commun (20 mètres), le marsouin (2 mètres) et pour plusieurs espèces d’oiseaux marins (moins d’un mètre). Inutile de préciser que le béluga est une espèce en voie de disparition et que le rapport de forces est si disproportionné que c’en est risible.


Si vous voulez rire un peu, passez faire un tour sur le site internet de GNL Québec : vous y verrez une photo montrant nos belles montagnes et le fleuve Saint-Laurent en parfaite santé. Des commentaires accrocheurs vous expliqueront ensuite pourquoi ce projet est une bénédiction pour l’environnement. Le promoteur affirme entre autres que le projet « ‌‌pourrait ‌‌» (notons bien l’utilisation du conditionnel) être une énergie de transition, car il en remplacerait des plus polluantes comme le charbon. Ne vous y trompez pas : cette projection n’est pas basée sur des données probantes. En effet, le méthane, principale composante du GNL, a un potentiel de réchauffement planétaire 84 fois plus élevé que le CO2 sur 20 ans. Le projet générera 50 mégatonnes de CO2 par an, ce qui correspond aux émissions de GES de 10 millions de voitures. Plus encore, il réduira à néant, en une seule année, tous les efforts de réduction de gaz à effet de serre réalisés par le Québec depuis 1990. Par ailleurs, le risque de fuites de méthane est très élevé puisqu’entre l’an 2000 et l’an 2012, près de 400 incidents impliquant des pipelines ont été dénombrés au Canada. Le gaz naturel liquéfié ​ est aussi classé par l’ONU au répertoire des matières dangereuses et est assujetti comme tel aux lois de Transport Canada.


Outre ses conséquences climatiques et écologiques, le projet sera nuisible au peuple québécois, car il menacera les entreprises touristiques et agricoles du Québec. Qui plus est, les deux principaux bénéficiaires du projet seront les multinationales américaines Freestone International et Breyer Capital et non pas des entreprises québécoises. Pourquoi alors appuyer ce projet ? Ce sont les multinationales américaines qui se feront de l’argent sur la vie des bélugas, qui menaceront des entreprises locales québécoises, qui bafoueront les droits des Premières Nations. Choisir GNL Québec, c’est préférer le respect des intérêts des grandes compagnies américaines au respect de la vie.


Au Québec, nous sommes des centaines de milliers d’étudiants à lutter contre les changements climatiques. 3000 mémoires (un record historique !) ont même été envoyés au Bureau des audiences publiques sur l’environnement pour qu’il se positionne contre le projet. Puisque les efforts individuels ne doivent pas être une finalité, mais le moteur d’un engagement collectif, le gouvernement et les institutions doivent mettre en place des actions concrètes. Mettre l’entière responsabilité de la lutte contre les changements climatiques sur les individus et non sur la collectivité, c’est ne pas prendre en compte les inégalités sociales qui caractérisent notre société. S’il considère important le respect de la biodiversité, le respect des droits autochtones, la justice sociale et la démocratie, nous voulons que le gouvernement s’oppose au projet GNL Québec et qu’enfin, plutôt que de faire semblant d’être vert, il le devienne véritablement. 

Coule pas chez nous

Rose Côté

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