
OPINION
11 avril 2020

Trois patients se présentent à l’urgence, gravement touchés par le coronavirus : le premier, un garçon de 16 ans atteint d’asthme. Le second, une jeune mère de 32 ans. Puis le dernier, un grand-père de 68 ans en bonne santé. Malheureusement, il n’y a plus qu’un ventilateur disponible. A qui le donne-t-on ?
Ce genre de dilemme éthique est déjà en train de se produire dans notre monde de plus en plus ravagé par la pandémie du coronavirus, notamment en Italie où le personnel hospitalier doit faire face à d’importantes pénuries de matériel en plus d’un nombre grandissant d’infectés. Aplatir la courbe est dorénavant la devise de nombreux pays qui souhaitent empêcher que cette problématique les atteignent afin d’éviter d’être confronté à ce choix si dur: qui sauver et qui sacrifier.
Dans nos hôpitaux pré-pandémiques, l’ordre de priorité de distribution des services médicaux était déterminé en fonction de la gravité de la maladie dont souffrait le patient et en fonction de l’urgence des soins qu’il était nécessaire de lui administrer, ce qui explique l’attente interminable à l’urgence lorsque l’on se présente pour des simples maux de ventre. Or, cette manière de soigner les gens ne peut pas être appliquée présentement puisque une trop grande quantité de personne a besoin de soins intensifs par rapport au personnel et aux ressources disponibles. Ainsi, comment choisir qui sauver et qui laisser mourir ?
Certains penseurs proposent d’attribuer les soins prioritairement aux gens possédant les plus grandes chances de survie. Dans notre exemple des trois patients, ces chances pourraient être examinées de deux manières : soit en fonction de l’âge, soit en fonction des prédispositions médicales des patients. Dans les deux cas, le grand père serait le premier écarté. Puis, il faudrait choisir entre le garçon et la mère : sur qui miser et à qui offrir le respirateur, le premier étant plus jeune mais souffrant d’une maladie respiratoire diminuant ses chances de survie ?
D’autres proposent d’évaluer en fonction de ce que peut apporter à la société la personne sauvée. Par exemple, sauver un médecin qui pourrait à son tour guérir d’autres infectés serait bien plus utile que de sauver un peintre. Ainsi, si le grand-père était médecin, la jeune femme boulangère et le garçon encore au secondaire, ne vaudrait-il pas mieux parier sur la vie de l'aîné, sachant que ses chances de survie sont plus faibles mais qu’il pourrait grandement aider la société à affronter la pandémie alors que le garçon de 16 ans, une fois guéri, retournerait chez lui faire ses cours à distance sans pouvoir directement contribuer à éradiquer la maladie ?
Finalement, une autre manière d’envisager comment choisir à qui l’on distribue les soins pourrait être en fonction de ce que la personne mérite, par exemple, si l’on découvrait que la mère avait tué un homme au début de sa vie d’adulte. Malgré le fait qu’elle ait servi sa peine, serait-il vraiment juste de sauver une femme qui a commis un acte aussi horrible juste parce qu’elle a de meilleures chances de survie ? Ou encore, si l’on apprenait que le jeune garçon a l’habitude de voler au dépanneur proche de chez lui tandis que le grand-père est un homme qui a dédié sa vie à aider les plus démunis et qui continue de le faire encore au moment où il se présente à l’urgence. L'aîné ne mériterait-il pas plus d’être sauvé malgré le fait que lui donner le respirateur signifie prendre la chance qu’aucun ne survivent ?
En somme, il est difficile de déterminer avec certitude quelle est la bonne réponse ou même quelle est la meilleure. Or, ce problème n’est malheureusement plus seulement théorique. Il affecte déjà des milliers de gens et nos voisins du sud, les États-Unis, seront le
L'éthique : remède essentiel au coronavirus ?
Énora Fortin-Fabbro