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OPINION
29 septembre 2020

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« Le Canada est à la croisée des chemins », a déclaré Justin Trudeau dans son discours à la nation. Le pays est menacé d’une deuxième vague de la COVID-19 et le gouvernement a été appelé à prononcer le discours du Trône. Il propose de nombreuses mesures qui empiètent sur les champs de compétences provinciales. De quel droit le gouvernement libéral se permet-il cette intrusion ?

Le mercredi 23 septembre dernier a été prononcé le discours du Trône par la gouverneure générale du Canada, Julie Payette. Le gouvernement libéral a eu l’opportunité de communiquer ses principaux objectifs et orientations en matière de gestion de la crise de la COVID-19, sur la relance ainsi que sur ce que sera le Canada de l’après-pandémie. Étant donné son statut minoritaire, ce discours est d’une particulière importance pour le gouvernement du Parti libéral. Il devra avoir l’appui d’une partie de l’opposition au vote de confiance afin de maintenir le pouvoir. Jusqu’à maintenant, aucun parti d’opposition ne s’est positionné en faveur du discours du Trône. Alors que le Parti conservateur exprime un refus catégorique, le Bloc Québécois a établi des conditions qui doivent être remplies pour voter en faveur. Le NPD maintient le suspens et semble posséder la balance du pouvoir.

« Le gouvernement du Québec et le Bloc Québécois sont d’accord : ce discours du Trône est un affront aux compétences et aux demandes de l’Assemblée nationale et il ne mérite pas l’appui du Québec. Le gouvernement de Justin Trudeau a une semaine pour consentir les transferts en santé sans condition aux provinces et au Québec, à défaut de quoi le Bloc Québécois votera contre », a expliqué Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois.

D’entrée de jeu, les orientations du discours du Trône viennent révéler une volonté claire du gouvernement fédéral: celle de s’immiscer dans les champs de compétences provinciaux, notamment en matière de santé, de logement et d’affaires sociales. Par exemple, le gouvernement Trudeau souhaite imposer des normes nationales pour les centres de soins de longue durée et un régime universel d’assurance médicaments. De plus, ce discours du Trône ne répond aucunement à la demande émise par les provinces de hausser de 22% à 35% les transferts en santé aux provinces (sans condition). Le gouvernement fédéral se doit d’adopter une attitude moins paternaliste envers les provinces, puisqu’il est évidemment faux qu’il soit davantage en mesure de savoir ce qui est mieux dans leur situation.

« M. Trudeau, au lieu de parler d’augmenter les transferts aux provinces, nous dit qu’il va intervenir dans les soins de longue durée, dans les médecins de famille, dans la santé mentale, qu’il va nous dire comment faire les choses. Écoutez, c’est un peu insultant », a lancé François Legault.

Bien qu’il y ait place à l’amélioration dans le système de santé du Québec et que la cause soit noble, la santé est une compétence provinciale et c’est avant tout aux Québécois qu’il revient la décision de prendre des démarches en ce sens. La manière dont les Québécois souhaitent améliorer leur propre système de santé est également une question qui leur est exclusive.

Le Québec, en tant que nation et société distincte, devrait être maître de ses choix et de l’avenir qu’il souhaite entreprendre. Il n’a pas sa place dans un pays qui ignore sa spécificité et il devrait pouvoir disposer de soi-même. Y a-t-il une nation qui est devenue indépendante et qui, aujourd’hui, le regrette ?

En somme, nous pouvons y voir dans ces mesures une énième démonstration de la manière paternaliste et centralisatrice de faire de l’État fédéral canadien qui est intenable pour le Québec et un échec supplémentaire du « nationalisme » de la CAQ. L’autonomisme comme substitut au souverainisme est voué à se heurter à une longue série de refus. Ainsi, l’unique manière de faire respecter nos choix en tant que nation est l’indépendance. Le Québec a tenté maintes fois d’avoir davantage d’autonomie en entamant des négociations avec le gouvernement fédéral et tous furent des échecs. Il est bien dommage de constater que même avec des demandes aussi timides, l’Assemblée nationale du Québec (à mon avis, la seule assemblée légitime au Québec) n’arrive pas à obtenir l’approbation du Canada...

L'affront des libéraux

Victor Dubuc

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