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OPINION
14 mai 2020

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La crise de la COVID-19 appelle à des changements radicaux nécessaires au sein de plusieurs gouvernements autour du globe. Si certains pays semblent avoir à leur tête des dirigeants prêts à mettre en place des mesures pour aider leur population, d’autres profitent de la présente centralisation des pouvoirs pour mettre en place des politiques autoritaires qui briment les droits et libertés des citoyens.

En cette période de pandémie, nous avons vu l’importance des mesures prises par notre gouvernement. Au Canada, les autorités tentent de faire de leur mieux pour s’assurer de contrôler le virus dans l’espoir de revenir à un train de vie plus normal. Cependant, ce comportement n’est pas adopté par tous les autres pays touchés. Parmi eux, le Brésil et l’Algérie montrent une montée inquiétante de l’autoritarisme qui risque de laisser des traces néfastes sur la population.

BRÉSIL
De tous les pays de l’Amérique du Sud, le Brésil est, avec 148 670 cas, le plus touché par le virus. Le président brésilien Jair Bolsonaro fait d’ailleurs face à de nombreuses critiques en raison de ses décisions anticonstitutionnelles de poursuivre ses plans d’accroissement de terres agricoles et de secteurs miniers, au lieu de se concentrer sur la crise sanitaire qui fait rage. C’est ainsi que le taux de déforestation de la forêt amazonienne a augmenté de 30% par rapport au même mois l’année dernière. Ces terres sont occupées par des populations indigènes qui perdent ainsi leur territoire au profit du gouvernement.
Il faut savoir que le Brésil a mis en place la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) en 1967. La FUNAI défend les droits des populations autochtones du Brésil, tâche assez ardue face au gouvernement présent qui tente de réduire le pouvoir de cette fondation. Malheureusement, avec le temps, cette fondation semble ne plus servir les indigènes, mais bien venir en aide au gouvernement pour rendre constitutionnelle la prise de certains secteurs indigènes.

La coupe de la forêt amazonienne est extrêmement dangereuse, oui pour les peuples autochtones qui y habitent, mais également pour la population mondiale. D’un côté, les peuples indigènes sont exposés à des risques accrus de contracter le coronavirus en raison du contact avec les travailleurs qui s’occupent de la coupe des arbres. Une telle maladie au sein des populations autochtones pourrait être extrêmement meurtrière. En effet, les indigènes n’ont pas le matériel sanitaire ou médical nécessaire pour se défendre du virus. D’ailleurs, ils demandent en ce moment 5 millions de dollars pour se protéger et éviter un « ethnocide ». D’un autre côté, la coupe des arbres en Amazonie représente un risque extrême pour le réchauffement climatique planétaire. En effet, la déforestation de ce territoire émet des quantités astronomiques de CO2 qui ne font qu’augmenter de jour en jour. De plus, le « poumon de la planète » est en mesure d’absorber une grande quantité de dioxyde de carbone, mais sa capacité de transformation est en baisse constante.

Tandis que Bolsonaro tentait de renouer avec ses électeurs en raffermissant ses idées de développement économique, son opportunisme indécent qui brime les droits des indigènes n’aura fait que baisser encore plus sa cote de popularité qui était déjà désastreuse en cette période de bouleversements.

ALGÉRIE
Dans le continent africain, l’Algérie suscite l’attention à la suite des mesures excessives prises par le gouvernement. Le président Abdelmadjid Tebboune, ex-fidèle de Bouteflika, a profité de son pouvoir accru dû à la pandémie pour mettre en place une censure et mettre en prison les citoyens qui utilisent leur droit de liberté d’expression pour critiquer le régime en place. La situation apparaît critique lorsqu’on voit l’augmentation croissante des militants algériens qui sont pris de force dans leur domicile et enfermés injustement par l’État.

Cela fait maintenant de nombreuses années que le pays est en crise. La lutte pour la démocratie ne date pas d’hier : elle s’est toutefois particulièrement accrue dans les dernières années lorsqu’Abdelaziz Bouteflika dirigeait encore l’Algérie. Sa candidature à un cinquième mandat a semé la colère dans le pays, en particulier auprès des jeunes qui jugeaient que la décision prise par le président de se représenter était non-démocratique. En avril 2019, les nombreuses manifestations, connues sous le nom de Hirak, ont finalement obligé Bouteflika à démissionner avant la fin de son quatrième mandat, et ce, après 15 années passées au pouvoir. Si cette victoire semblait enfin mettre fin aux problèmes démocratiques du pays, la crise du coronavirus prouve qu’ils sont loin d’être résolus.

Alors que le président actuel semblait prêt à parler avec le Hirak et faire une lutte contre la corruption, les actions posées pendant les dernières semaines prouvent que ses intentions sont toutes autres. La crise sanitaire mondiale lui offre la possibilité d’abuser du pouvoir qu’il détient entre ses mains. Par conséquent, le Front de libération nationale (FNL), le parti de Tebboune, convoque depuis maintenant deux mois des militants, qui sont ensuite emprisonnés. Les autorités ont notamment condamné Malik Riahi à 18 mois de prison après qu’il ait publié une vidéo critiquant le régime politique actuel. Il n’est qu’un parmi une vingtaine. En outre, les autorités algériennes ont également censuré certains sites portant atteinte à la réputation du gouvernement. Parallèlement, il tente de mettre en place un projet de loi « relatif à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine », un prétexte évident pour contrôler tous ceux qui pourraient porter atteinte à sa réputation.

Ces mesures de plus en plus radicales montrent un autoritarisme inquiétant dans ce pays qui avait pourtant réussi à progresser en termes de démocratie. L’Algérie d’aujourd’hui est plus qu’inquiétante. Comme le dit le journaliste algérien Abdou Semmar : « elle écrase le faible, le fragile pour permettre au plus fort d’accaparer tous les pouvoirs ».

LES AUTRES
Le Brésil et l’Algérie ne sont que des exemples parmi tant d’autres pays qui voient leur démocratie vaciller. Je ne ferai que nommer la Hongrie qui se rapproche de plus en plus d’un régime autoritaire ou le Sri Lanka où les dérives du pouvoir obligent les minorités musulmanes à craindre pour leur place dans un pays bouddhiste. Le coronavirus est devenu un instrument pour les régimes qui avaient déjà une tendance autoritaire pour vraiment avoir tous les pouvoirs. La situation est franchement alarmante et mène à de nombreuses inquiétudes pour le futur de la politique mondiale.

La crise sanitaire : le voile de l'autoritarisme

Béatrice Casgrain-Rodriguez

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