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OPINION
6 décembre 2020

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Le mouvement féministe exclusif aux personnes trans a finalement trouvé sa mascotte cette année. Vous avez peut-être vu passer des articles sur J. K. Rowling, abordant ses opinions très particulières et surtout la réaction massive qu’elles ont déclenchée chez son public. Si tout cela ne vous dit rien, pas de panique, on y revient dans un instant. D’un point de vue extérieur, on dirait que Rowling fait la guerre à internet et qu’internet fait la guerre à Rowling, mais en vérité, la discussion est légèrement plus complexe. Cette année, l’auteure a commencé à faire la guerre aux femmes transgenres et, conséquemment, elle fait la guerre aux femmes.

DES RACINES DANS LA PEUR
Le mouvement Trans Exclusive Radical Feminism, ou TERF pour les intimes, est un mouvement qui vise à empêcher les femmes trans d’avoir accès aux espaces dits « réservés aux femmes », qu’ils soient des espaces physiques, comme des vestiaires, ou non physiques, comme des conversations féministes, des communautés, etc. Autoproclamées « critiques du genre », les TERFs disent avoir pour objectif la protection des femmes. Il ne s’agit pas d’un mauvais objectif en tant que tel, ce sont plutôt les moyens pour y arriver qui laissent à désirer; Réduction des droits des individus transgenres, complication ou interdiction des processus de transition de genre, diabolisation et déshumanisation des individus transgenres, etc.

« Protéger les femmes de quoi ? De qui ? » La question se répond par elle-même; les féministes radicales adhérentes à cette idéologie ont tendance à percevoir les femmes transgenres comme étant des prédatrices, des intruses qui ont passé à travers leur longue transition juste pour pouvoir mettre pied dans les toilettes des filles. En novembre dernier, une vague de dénonciations frappait Oxford en raison de sa politique permettant aux personnes transgenres d’utiliser les salles de bain de leur choix. Ce règlement, qui encourageait l’ouverture d’esprit, fut alors désigné par plusieurs comme étant pro-viol. Cependant, un obstacle s’impose pour les TERFs : afin de pouvoir se « protéger », il est nécessaire de toujours savoir exactement à qui elles ont affaire ce qui crée un véritable paradoxe, soit la disparition du féminisme dans un mouvement qui se dit radicalement féministe.

LES VRAIES FEMMES
Le mouvement TERF prend un coup de vieux quand on s’intéresse à la définition de « femme » qui est proposée. Dans cette idéologie, la féminité est strictement biologique; une femme serait donc tout simplement quelqu’un ayant un utérus et/ou quelqu’un ayant la capacité de porter un enfant. Non seulement ces définitions consistent à réduire la valeur d’une femme à son sexe, ce que les féministes essaie de contrer depuis des décennies, mais en plus elles excluent les femmes infertiles, les femmes ayant perdu leur utérus à cause d’un cancer ou d’autres raisons médicales, les femmes en ménopause, etc. Les « vraies femmes » deviennent alors un groupe si restreint que c’en est absurde.

Dans certains cas, ces critères vont au-delà de la reproduction. On s’intéresse alors à la taille, au son de la voix, à la musculature, à la largeur des épaules, à la pilosité et autres pour déterminer si une femme est une « vraie femme ». Sous le prétexte de protection, le mouvement en question place la féminité dans une case étroite, la redessine avec des clichés qu'on croyait avoir oubliés. Pour un mouvement qui prône le féminisme, la perception que les TERFs ont de l’identité féminine rappelle à des propos datant des années 40.

Le masque du féminisme transmisogyne tombe: c’est le cheval de Troie, c’est une pensée qui se mange de l’intérieur, c’est de la misogynie avalée et recrachée. Inutile de s’épuiser à se défendre d’un ennemi qui n’existe pas. La femme est celle qui se sait femme, tout simplement.

La guerre aux femmes

Marianne Saillant-Sylvain

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