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13 novembre 2020

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De nombreux jeunes ont l’impression que les référendums datent d’une autre époque. Il y a déjà 25 ans pour celui de 1995 et 40 ans pour celui de 1980. Selon plusieurs, il s’agit d’un vieux sujet à chicane et il faudrait donc arrêter d’en parler. Il est vrai qu’après l’échec de 1995, le mouvement souverainiste s’est grandement essoufflé et d’autres projets l’ont remplacé, tel le déficit zéro de Lucien Bouchard. Cependant, le mouvement est loin d’être mort et les jeunes en sont la pierre angulaire.

Historiquement, le mouvement souverainiste a toujours été soutenu par des jeunes. Le Québec, dans les années 1940, vivait à l’ère Duplessis. La société québécoise accusait un important retard tant socialement qu’économiquement. De plus, aucune loi n’était en place pour protéger le français et favoriser le bilinguisme (tout se faisait en anglais). L’Union nationale portait une idéologie très conservatrice et défendait sans relâche des valeurs traditionnelles et religieuses dépassées.

C’est pourquoi, à la suite de la mort de Duplessis en 1959, les Québécois, les jeunes plus particulièrement, se sont levés et ont demandé du changement. C’était l’époque des grands changements et des grands travaux dans un Québec en effervescence. Les jeunes ont notamment choisi et milité pour la création d’un système d’hôpitaux publics (1961), la création des ministères des Affaires culturelles et des Affaires fédérales-provinciales (1961) et la fondation de la Société Générale de financement (1962). Tout est scruté, tout fait l’objet de discussions, on modifie la carte électorale de façon à ce que les régions urbaines soient mieux représentées, on nationalise l’industrie hydro-électrique, on plaide pour une limite des dépenses électorales. On abaisse aussi l’âge du droit de vote de 21 à 18 ans pour que les jeunes puissent s’impliquer, et on crée un ministère de l’Éducation, enlevant la responsabilité des écoles à l’Église catholique et diminuant par le fait même son influence dans la société québécoise.

Toutes ces réformes ajoutées au fait que le gouvernement Lesage renégocie les relations fédérales-provinciales sensibilisent les Québécois à des questions d’identité nationale et collective. Pour une rare fois, les Québécois, principalement les jeunes, sont réellement maîtres de leur destinée. Plusieurs seront attirés par le Parti Québécois et d’autres partis de gauche indépendantistes. Ces jeunes furent essentiels à la campagne de 1980 et de 1995.

Certes, l’Histoire est importante, mais pour réaliser la souveraineté, on ne peut pas totalement se baser sur le passé. La jeunesse dans le mouvement souverainiste est encore très forte, principalement au Parti Québécois, car c’est le parti qui travaille le plus à l’indépendance. L’aile jeunesse du Parti Québécois fait partie des plus grandes de tous les partis et son travail est très important : défendre les intérêts des jeunes au sein du parti et s'assurer que la voix des jeunes est entendue.

Cette jeunesse est environnementaliste et lors des deux derniers référendums, la protection de l’environnement n’a jamais été un argument mis de l’avant par les souverainistes. En 2020, l’environnement est des plus importants et c’est pourquoi il est crucial de mesurer les conséquences de l’indépendance sur l’environnement et qu’il est primordial d’écouter les revendications des jeunes sur le sujet. De plus, n’ayant pas les pleins pouvoirs sur notre culture, car elle ne figure pas dans la constitution canadienne, la nouvelle génération de souverainistes veut conserver et promouvoir la culture distincte du Québec. Ils ont peur de l’assimilation en raison de l’inaction du gouvernement canadien refusant de taxer les GAFA et autres. Il est juste d’affirmer que le gouvernement canadien nous a abandonnés, nous abandonne et nous abandonnera toujours, laissant libre cours à l’assimilation de notre culture si belle et si unique dans une culture canado-américaine fade et générique.

Les jeunes sont le moteur du mouvement souverainiste, ils sont le meilleur moyen qu’a le Parti Québécois pour se renouveler et atteindre son but ultime. Idéalistes et pleins de bonnes intentions depuis toujours, leur implication sur tous les fronts amène une vitalité et une énergie nécessaire et salutaire pour les troupes. Il suffit de savoir bien canaliser cette énergie pour en faire une véritable force de frappe et de mobilisation coordonnée. Le mouvement indépendantiste écossais l’a bien compris, cet investissement dans la jeunesse est payant à plus long terme et permet de rester à jour sur les enjeux des nouvelles générations tout en valorisant les vétérans dans un rôle de professeur.

La jeunesse et la souveraineté

Charles-Hubert Riverin

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