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LETTRE OUVERTE
13 octobre 2020

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La première vague nous a pris par surprise. On se laissait porter par le courant d’un quotidien pressé quand celle-ci a fait chavirer le mode de vie de la population entière, tout projet tombant à l’eau par la même occasion. Elle nous a cruellement rappelé que tout est éphémère et que rien ne nous appartient éternellement, pas même notre santé. On s’est lentement relevé, on a appris à vivre dans une nouvelle réalité rappelant un mauvais film de science-fiction. La deuxième vague, quant à elle, on l’a vu venir. Mais c’était plus facile de vivre dans le déni, de rester optimiste pendant que c’était encore possible. Jusqu’au moment inévitable où, nageant à contre-courant, on s’est pris un bouillon en pleine face. Maintenant, je me demande comment on va faire pour retrouver la surface. Quand on se noie, on tombe sur le mode automatique et les réflexes prennent le dessus. On se débat de toutes nos forces pour survivre. Seulement, après quelques minutes, la pression est trop forte et on se laisse absorber par la peur et la douleur. Je ne vous cacherai pas qu’il m’est arrivé de me demander dernièrement s’il ne serait pas plus simple de tout abandonner, ayant l’impression de tourner en rond dans un tourbillon de pensées anxiogènes. Le problème réside dans le fait que je suis loin d’être la seule personne qui se soit laissée emportée par cette marée désastreuse qu’est la COVID-19.

Pour des raisons évidentes, la session d’automne au collégial se donne à distance. Les professeurs ont disposé de quelques mois pour se préparer à enseigner le contenu de leur cours uniquement en ligne. Alors que ce délai semble suffisant pour être en mesure d’instaurer un déroulement fonctionnel de la session, plusieurs enseignants ont plutôt opté pour une approche dépourvue de toute logique, divisant la matière abordée sur une quantité astronomique de plateformes éducatives. De quoi étourdir n’importe quel étudiant qui tente désespérément d’augmenter sa cote R, suite à la suspension de cette dernière lors de la session d’hiver 2020. Malheureusement, les collégiens n’ont pas également eu droit à un temps d’adaptation, se voyant donc jongler de manière précipitée avec un horaire presque impossible à suivre. Nul besoin de préciser que toute cette gestion est cause d’un stress énorme chez ces derniers. Par ailleurs, la session présentement en cours ne comporte que 12 semaines, alors que la durée normale de celle-ci est de 15 semaines. Cette diminution restreint le nombre d’heures allouées à la théorie vue en classe, ne permettant pas aux étudiants de s’approprier adéquatement les notions évaluées. Il ne s’agit donc plus d’apprendre de nouvelles connaissances et de développer les compétences visées par un cours, mais plutôt d’une course contre la montre dont le but est de respecter les dates de remises et ce, dans la mesure du possible.

À l’anxiété liée aux études s’ajoute une baisse de motivation due à la récente interruption des activités sportives dans les régions en zone rouge. Le sport représente pour plusieurs un moyen d’évacuer la frustration et la pression accumulées. De plus, les bienfaits psychologiques qui résultent d’un mode de vie actif sont indéniables. Au niveau cognitif, les activités physiques permettent entre autres de développer un sommeil plus réparateur et de réduire considérablement le stress. Le sport peut également être considéré comme un antidépresseur, car les hormones sécrétées au cours d’une activité, telles que la dopamine, l’endorphine et la sérotonine, ont toutes des effets chimiques positifs sur le cerveau. L’inactivité physique élimine donc les bénéfices qui permettent de conserver un état d’esprit sain en ces temps plus qu’incertains.

Il semble que le seul moyen restant pour garder le moral soit les relations humaines. Toutefois, les contacts physiques étant pour le moment interdits, il est difficile de pouvoir combler cette nécessité fondamentale. Le besoin d’appartenance occupe le troisième palier de la Pyramide de Maslow. Ce dernier est un aspect crucial de la dimension sociale de notre identité. Il n’est donc pas étonnant, quoique inquiétant, que la majorité de la population ait traversé une période de déprime et de découragement face à l’amorce d’un deuxième confinement. Heureusement, l’être humain possède une capacité impressionnante d’adaptation dans les situations difficiles. On doit cette résilience à un ensemble de systèmes cérébraux qui sécrètent de l’adrénaline, du cortisol et de la noradrénaline, plus connus sous le terme “d’hormones de stress”. Toutefois, cet automatisme n’est pas efficace à long terme. L'accumulation de plusieurs neurotransmetteurs a le même effet qu’un courant dont le niveau d’intensité est trop élevé, déclenchant un court-circuit. En résumé, le cerveau ne peut fonctionner à capacité maximale pendant une période de longue durée. Et maintenant que la pile est à plat, il faut faire preuve d’une force surhumaine pour la recharger.

La pandémie nous aura certainement fait réaliser l’importance de prendre soin de sa santé. Cependant, le gouvernement semble n’avoir misé que sur l’aspect physique de cet enjeu, délaissant ainsi la santé mentale des citoyens. Dans la vie tout est question d’équilibre. Un corps ne peut être sain que si l’esprit qu’il transporte l’est aussi. Le bien-être de la population ne peut donc être atteint qu’en percevant la santé comme un tout. Il est temps d'abattre les tabous qui entourent ce sujet et d’engager la discussion afin de trouver des solutions qui empêcheront les citoyens de se noyer dans cette deuxième vague.

La santé mentale à l'ère de la COVID-19

Marianne Richer

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