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OPINION
18 mai 2020

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La démocratie, comme elle a été pensée par les Grecs anciens, c’est un système où le pouvoir de faire et de voter les lois repose dans les mains des citoyens. Cependant, alors que nos institutions se réclament de ce principe, peu nombreux sont celles et ceux ayant le privilège de participer activement à l’exercice démocratique. En effet, dans le cours d’introduction à la science politique, on apprend que la démocratie est un idéal, une sorte d’utopie qu’il faudrait viser. Alors, ces derniers temps, je me suis beaucoup questionné sur ce qui nous empêche et ce que nous pourrions faire pour atteindre cette cible.

Tout d’abord, au Québec, nous avons une démocratie représentative. Le principal rôle des citoyens y est de voter pour des députés qui représenteront leurs intérêts. Nous pouvons trouver à ce type de démocratie de nombreux avantages, comme celui d’être stable. Mais en fait, le droit de vote de la population s’y voit diluer : il ne sert plus à prendre des décisions, mais seulement à élire les personnes qui vont les prendre. Le dêmos donne son kratos au plus offrant. Aussi, il faut se rappeler qu’élection n’est pas un synonyme de démocratie. La meilleure illustration de cela, c’est l’existence des monarchies électives comme l’a été la Pologne durant une partie du Moyen- ge. Des penseurs comme Cornelius Castoriadis et Francis Dupuis-Déri vont même jusqu’à dire que nous sommes en fait dans une oligarchie où seule des petites castes auraient effectivement le contrôle de nos parlements. Alors, arrêtons de se satisfaire des élections !

Bien qu’il serait formidable de passer rapidement à une démocratie directe, il est compréhensible qu’une si abrupte modification de nos institutions puisse en rebuter plusieurs. De plus, il se peut certains n’aient simplement pas envie de s’impliquer dans la vie politique. En revanche, je considère que cela ne devrait pas venir étouffer les aspirations des autres, car il me semble que de nombreuses personnes aimeraient avoir leur mot à dire dans les décisions de notre gouvernement. Nous n’avons qu’à penser à la loi 40 sur la gouvernance scolaire. J’imagine que le corps enseignant aurait bien apprécié avoir un peu de pouvoir sur son adoption, au lieu de se la voir imposée par bâillon…

C’est dans de tels cas que la démocratie semi-directe devient intéressante. Ça serait un très bon compromis pour débuter, car elle permet de faire coexister des éléments de représentation en plus d’une plus grande participation citoyenne. Les référendums pourraient être utilisés pour régler les enjeux importants, comme celui que j’ai mentionné plus haut. Puis, nous pourrions mettre en place un référendum d’initiative populaire où les citoyens eux-mêmes auront la possibilité de poser une question à la communauté. Cependant, dans tous ces processus, il faudrait s’assurer d’accorder du temps aux débats. Il est essentiel que tous les arguments (pour et contre) soient exprimés pour que chacun puisse se construire une opinion réfléchie et factuelle. Les gens sentiraient que leur opinion et leur voix sont écoutées et peut-être cela ferait-il perdre de l’attrait et de l’efficacité aux mouvements populistes. Certes, ce serait chronophage, mais la démocratie n’a pas vocation à être rapide et y aller de manière expéditive créer souvent de bien nombreux problèmes. Aussi, dans le cas où la population prendrait goût à cette participation accrue, rien ne nous empêcherait de tendre doucement vers un système sans représentation.

Bref, ça serait bien d’arrêter de la glorifier, notre démocratie. Nous devrions plutôt toujours tenter de l’améliorer. C’est avec une telle mentalité qu’il serait possible de faire de grandes choses ! Espérons seulement que, dans le futur, la classe politique traditionnelle ne fasse pas avorter des projets de ce genre par peur de perdre leur monopole décisionnel.

Pour un lendemain démocrate

Alexandre Bouillon

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