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OPINION
30 novembre 2020

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Salut à toi, jeune Québécois·e,
Mardi 24 novembre, le Dow Jones a atteint des sommets inégalés en dépassant les 30 000 points pour la première fois de son histoire. Quelle belle nouvelle : les actionnaires sont en confiance. Nul besoin de le démontrer, tous ces milliards vont bien finir par ruisseler un jour vers nous, pauvres plébéiens. Les intérêts de la haute finance semblent bien être tricotés serrés avec ceux du reste de la population.

Et pourtant…

Que l’hurluberlu orangé soit détrôné ? Peu leur importe !
Que son héritier soit un pur produit de l’establishment démocrate ? C’est tout bénef !
Que le chômage fasse des ravages ? Très navrant, mais les GAFAM se portent bien…
Que la COVID-19 persiste sans s’essouffler ? C’est dommage, mais Ô, MON DIEU, Tesla vient de gagner 6,4 % !

Alors que les courbes de tous les graphiques s’envolent, nous sommes seul·e·s derrière nos écrans avec le moral qui dégringole.

L’ordinateur, le cellulaire et la télévision sont désormais nos uniques interlocuteurs ; les heures passent, nos yeux rougissent et s’assèchent. Nous ne vivons plus. Dans nos temps libres, nous ne faisons qu’assister à une suite ininterrompue de divertissements, de représentations. Tik Tok, Netflix, Among Us, Occupation Double, vous pourriez tous les nommer, mais leur raison d’être demeure la même : on vole notre temps autrefois accordé à la pensée et à la réflexion en capitalisant sur notre dépendance à quelques pixels ambulants. La Société du spectacle de Guy Debord n’a rien perdu de sa pertinence, elle n’en a que davantage.

La souffrance qui nous hante n’est pas causée par l’ennui : on est sollicité de tout bord tout côté. Non, l’isolement et la solitude, causés par notre réclusion, sont à l’origine de ce mal. Des appels vidéo ne réussiront jamais à satisfaire notre désir de contact humain. Il nous est encore possible d’exercer un emploi et on le sait bien, c’est par le travail qu’on trouve le bonheur ! Néanmoins, il serait farfelu de dire qu’une épicerie ou un CHSLD sont aujourd’hui de grands vecteurs d’allégresse.

Donc, je pense qu’ici nous touchons un point important : rien n’est vraiment indispensable en comparaison des moments que l’on pourrait vivre avec les gens qu’on aime. Par conséquent, ne pourrions-nous pas en faire notre priorité dans le monde d’après ? 2020 et ses confinements nous ont mis sur la voie d’une société où Internet n’est plus un outil, ni un loisir, mais une obligation. Quelques multinationales et leurs algorithmes sont devenus les régisseurs de nos interactions interpersonnelles ; il pourrait leur être difficile de se départir d’un si grand pouvoir. Toutefois, rien ne nous empêche de renverser la vapeur, même s’il nous faudra peut-être une cure de désintox. Ce que l’on prenait pour de l’ignorance quand des boomers nous disaient : « Lâchez vos bébelles pis allez jouer dehors ! » ne serait, en fait, qu’une sagesse mal exprimée. Si l’on veut avoir un pays, il faudrait au moins commencer par reprendre le contrôle de nos vies. L’espoir que d’autres aient eu une réflexion semblable est venu malmener le cynisme opiniâtre qui me submerge à l’habitude.

Souhaitons-nous que la fonte des neiges apporte aussi celle des mesures de distanciation ? Telles des rivières enfin libérées de leurs embâcles, nos vies sociales reprendront leur cours. Ce retour au libre arbitre nous obligera à faire des choix qui vont modeler notre réalité à leur image. Le Québec est beau, grand et regorge de talents. Qu’il serait dommage de passer à côté de tout cela en laissant nos têtes flotter dans le nuage !

Alors, jeune Québécois·e, quelle sera ta décision ? Désires-tu une existence de soumission à des gadgets lumineux ou une vie remplie d’aventures, de plein air et d’authenticité ? Moi, je pense que la question a une réponse tout indiquée.

Salut à toi, jeune Québécois·e

Alexandre Bouillon

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