
CRITIQUE
7 juillet
Cinéma
Thomas Arteau et Hélène Villemure
Objet de la critique à lire au préalable
LE CONFORT ET L’INDIFFÉRENCE
Québec 1981
Réalisation : Denys Arcand
Photo : Alain Dostie
Son : Jean-Pierre Joutel
Montage : Pierre Bernier
Primo : le long-métrage d’Arcand, produit par l’ONF. Film de montage que d’aucuns ont voulu croire documentaire, «Le confort et l’indifférence» ne prétend à aucune objectivité. Placé d’emblée sous le signe d’un «certain point de vue», celui de Machiavel, ce film exprime plus la vision que Denys Arcand a du Québec qu’il ne décrit un événement isolé.
Cet événement, le référendum de mai 1980, est le SUJET du film et non son thème ; Arcand l’emploie pour ce qu’il a été, par dessus les phénomènes politiques et idéologiques : une catharsis nationale. L’émotivité exacerbée qui émane de l’image (dont il serait difficile de contester l’authenticité documentaire) est réelle ; un montage apparent fait de ce matériel filmique un chaos hurlant et gémissant dans lequel la Raison, à travers Machiavel, tranche sans pitié la part de la force.
Je crois qu’Arcand a œuvré de main de maître et j’ai rarement vu un film atteindre son but avec pareille acuité. Ne fut-ce que par la charge affective qui marque les critiques…
Si l’auteur a cru bon de montrer du doigt un «bon» et un «méchant» et ses vilains sbires, libre à lui ! On peut très bien ne pas être d’accord, mais il faut se demander d’où cette opinion est venue. En ce sens, le film d’Arcand est une provocation délibérée, une invitation à l’action qui ne choquera que le confort et l’indifférence.
COTE : **
HÉLÈNE VILLEMURE
Hélène Villemure, « Cinéma » L'ÉCLOSION, Vol. X no 10, 1982
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Le lendemain de la mort douloureusement abrupte des rêves indépendantistes, Hélène Villemure, dans une sublime économie de mots, livre à l’étudiant des années 80 se demandant quoi faire de ses dix doigts non pas seulement une suggestion de film à voir, mais également une critique élogieuse et éclairante sur le propos d’Arcand dans Le confort et l’indifférence. Au-delà de l’émotion, cette banale rubrique cinéma est empreinte d’une lucidité nécessaire à l'absorption de ce documentaire. Si en tant que lecteur et en tant que spectateur, notre travail s’accomplit par notre réflexion sur le Québec proposée dans le documentaire, dans ce cas, il ne reste plus qu’à accepter ce que Villemure nous lance, au risque de faire suffoquer la « catharsis nationale » par l’indifférence.
Image de l'ONF
Correction par Rose Côté
Mise en page par Jaëlle Méroné