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CRITIQUE

18 novembre 2020

Critique de Les Rose et de La déesse des mouches à feu

Béatrice Casgrain-Rodriguez

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« On laisse couler l’eau du fleuve… de Montréal jusqu’à Gaspé. Oh ouais. En p’tites vagues pis en grosses vagues. Ah ! C’est ça. On se laisse aller au gré du vent, tout bonnement. Ouais, c’est ça. » - Paul Rose

Le son de l’eau.

 

Le son du vent.

 

Le son d’un pays. 

 

Octobre 70. Une sombre époque pour tout le Québec qui suit l’enlèvement de James Cross et Pierre Laporte. Un enlèvement qui finit en tragédie. Une tragédie causée par le groupe terroriste du FLQ. 

 

Il est aisé de déshumaniser des personnes de ce genre : un groupe terroriste qui ne veut que le mal. Seulement, rien n’est noir ni blanc. Le Front de libération du Québec avait des rêves qui semblent aujourd’hui effacés par l’histoire. La mémoire collective semble s’être embrumée, cachée derrière un manteau de honte. « Nous ne sommes pas un peuple violent ». Non. 

 

Le documentaire Les Rose présente le FLQ sous une lumière nouvelle. Le directeur, Félix Rose, fils de Paul Rose, montre le sentiment d’impuissance face aux autorités anglaises qui commence à s’immiscer dans l’esprit de plusieurs jeunes. Les injustices sociales mènent alors certains groupes à songer à un pays libre, où pourra prospérer le Québec. 

 

Le parcours du père du réalisateur est cerné de militantisme pour la cause collective, poussé parfois par des idées radicales. La violence paraissait être la seule solution face aux autorités rigides qui semblaient ne pas vouloir écouter les requêtes des plus jeunes. Cette violence était cependant calculée, bien placée, pour se faire entendre, se faire voir. 

 

Le long-métrage met bout à bout des vidéos provenant d’archives ainsi que des entrevues avec des acteurs marquants dans ces années, particulièrement Jacques Rose. Le tout est mélangé à des prises de vues magnifiques du Québec avec parfois des narrations d’extraits audios inédits de Paul Rose. 

 

Félix Rose ne présente pas toujours un point de vue objectif sur les événements; après tout, il prête un certain hommage à son père. S’il est évident que la fin ne justifie pas les moyens, il est important de comprendre ce qui a poussé un groupe de jeunes engagés à commettre des actes terribles qui ont à jamais chamboulé l’histoire du Québec.

 

Les Rose est un documentaire puissant et crucial pour notre récit collectif 

 

Cote :4/5

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La déesse des mouches à feu est une ode à l’adolescence. Les hauts et les bas que nous vivons tous à cette époque de notre vie sont mis à l’écran de manière véritable et crue. 

Catherine, 16 ans, intègre un nouveau groupe de personnes suite à la séparation de ses parents. Elle veut expérimenter, se découvrir et tomber dans un univers enivrant, plein de risques, qui la propulse vers l’âge adulte. 

Kelly Dépeault, qui joue le rôle de Catherine, offre une performance poignante et réelle. Son personnage perce l’écran, partageant avec les spectateurs toutes ses colères, ses peurs, ses joies et ses détresses. 

Anaïs Barbeau-Lavalette fait un travail de direction exceptionnel. Elle guide ses acteurs de manière remarquable afin qu’ils soient capables de faire transparaître des enjeux moraux qui poussent chaque personnage à faire des choix cruciaux qui changeront leur destinée. 

Catherine est particulièrement affectée par le divorce de ses parents qui se chicanent souvent de façon parfois très violente. Pour tenter de se concentrer sur d’autre chose, elle se perd dans la drogue, l’alcool et le sexe. Elle semble désorientée par des expériences qui lui feront voir le monde sous un œil complètement changé. 

En dépit de la différence d’époque, le film se passant dans les années 90, il est facile de s’identifier à plusieurs des personnages. Certaines scènes sont particulièrement fantasques. Pensons par exemple au moment où Catherine se retrouve à moitié nue sur une balançoire au plein milieu d’une fête. Malgré l’improbabilité de cet épisode, nous nous sentons enveloppés dans une sorte d’univers de rêve qui rappellera assurément certaines soirées vécues qui semblaient durer éternellement. 

Pour ceux qui souhaitent se plonger dans un univers adolescent en pleine ébullition, ce film est un excellent choix. 

Note : 3.5/5

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