Des restrictions inattendues pour les investisseurs

Le 28 janvier, à la suite de la montée fulgurante du titre de GameStop, la célèbre plateforme financière américaine Robinhood a décidé d’y suspendre son achat en raison de « la volatilité récente »12. Plusieurs autres titres ont également été visés tels que ceux d’AMC Entertainment (AMC), Nokia (NOK), BlackBerry (BB), Koss Corporation (KOSS), ainsi que les sociétés d’habillement Express Inc. (EXPR) et Naked Brand Group (NAKD)13. Les courtiers en ligne WeBull et M1 Finance ont eux aussi subi des difficultés mineures sur certains de ces titres1415. De plus, au cours de cette même journée, la plateforme de communication Discord a fermé le serveur de WallStreetBets en raison de supposés contenus haineux et discriminatoires.  

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Au son de la cloche de fermeture des marchés, les actions de GameStop ont terminé en baisse de 44 % et celles des six autres entreprises ont également souffert. La colère était palpable sur les réseaux sociaux. Le cofondateur de Robinhood s’est donc rendu en onde tentant de clarifier la situation. Ce dernier fut très évasif en détournant plusieurs questions, sans doute sous la recommandation de ses avocats. Un peu plus tard en soirée, c’était au tour d’Anthony Denier, CEO de l’application financière Webull, de sortir publiquement. Quant à lui, il a su être en mesure d’éclairer les questions des investisseurs. Il les a alors informés qu’au courant de la journée, Apex Clearing Corporation a téléphoné Webull en réclamant de cesser d’autoriser les nouvelles positions d’ouverture sur les titres de GameStop, AMC et Koss. Apex Clearing, chargé du traitement des transactions, était alors obligé d’agir ainsi puisque les frais collatéraux exigés par la Depository Trust Company (DTC) étaient devenus trop importants. Ceux-ci sont passés d’environ 2 % à 100 % dû à la forte volatilité des marchés. Ce changement de taux a donc forcé, par manque de liquidité, les courtages à suspendre les activités d’achat de ces différents titres. Ainsi, les investisseurs ont été en mesure de mieux comprendre les processus auxquels ces applications financières font face.  

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Assistons-nous à une manipulation des marchés ? 

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C’est la question à laquelle vont se pencher non seulement la Securities and Exchange Commission (SEC) responsable de la réglementation des marchés financiers, mais aussi le Congrès américain. Selon la SEC, une manipulation des marchés se définit par toute « conduite intentionnelle visant à tromper […] les investisseurs en contrôlant ou en affectant artificiellement le prix des titres. » Cette dernière ajoute que quelconque « interférence intentionnelle avec les forces libres d’approvisionnement de l’offre et de la demande »22 serait également considérée comme une entrave aux marchés. À ce jour, la SEC n’a toujours pas entamé de procédure d’investigation. Quant au congrès, celui-ci a déjà déposé une commission d’enquête sur les activités monopolistiques et le possible conflit d’intérêts entre Robinhood et le fonds d’investissement Citadel LLC qui possède Melvin Capital Management. Selon Bloomberg, Robinhood recevrait environ 40 % des revenus générés par Citadel LLC. 

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Qui serait intervenu fautivement au sein du libre marché ? La question se pose pour chaque acteur, non seulement pour Robinhood, Apex Clearing Corporation, la DTC, Citadel LLC, Melvin Capital Management, mais aussi pour WallStreetBets. Ce dernier complique la tâche aux régulateurs des marchés puisqu’il est une plateforme publique. Si la SEC veut porter des accusations, elle devra cibler des individus précis. WallStreetBets semble toujours résister face à Wall Street sur le titre de GameStop. Des rumeurs circulent déjà à savoir quelle sera la prochaine cible du groupe. Comment la SEC interviendra-t-elle à l’avenir ? Est-ce réellement possible de réguler ce qui circule sur Internet ?