
POÉSIE
30 mai
Trois poèmes
Simone Côté

L’exode
J’ouvre mon terrier comme la porte d'une théâtre implicable
Juste avant de cueillir les prières des arbres sur chacune de leurs feuilles
J’hallucine un miroir qui me remplace
D’un côté la femme
De l’autre l’enfant
Au centre la naissance
Le vent me rassure
La gravité est une perpétuelle incertitude
J’entends les fantômes applaudir de l’autre côté de l’hiver
À quoi peut-on bien s’attendre du monologue de la mort en personne?
Le cri
Je suis une enfant née d’un cri
Que j’entends de l’autre côté du monde
Inspiré par Vae Bataille
Le marais
Dans le marais vert où dorment les poissons d’or,
La Lune, sans sylphide pour danser, s’endort.
Un cercle bleu, parfait, où les étoiles nues vont
Se perdre dans la brume comme du fréon.
Le flot des algues s’étend sur l’eau anguleuse;
Les crapauds coassent sur leurs palais branlants.
Si vous passez par là, une nuit vaporeuse,
Peut-être verrez-vous un noir marais béant.
Les lucioles vertes et vermeilles, cohue
Qui court, qui remue par delà les pins tordus,
Braises folles qu’attise la Lune champêtre,
Jouent les ombres chinoises aux longs rideaux des hêtres.
Inspiré par Félix Leclerc
Illustration de Neva Hosking
Correction par Rose Côté et Emmanuel Brouillette
Mise en page par Emmanuel Brouillette