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OPINION
22 septembre 2020

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On comprend pourquoi les scènes ont été fermées pendant la pandémie. Une éclosion récente au bar Le Kirouac, ici à St-Sauveur, nous prouve qu’une soirée karaoké n’est pas une idée qui brille par son génie. Néanmoins, le milieu artistique québécois se bat de plus en plus pour ses fins de mois. Humoristes, musiciens, danseurs et tant d’autres ont cessé de partager leur art avec les foules assez abruptement.

Pour l’instant, les salles ont rouvert, certes, mais avec une limite stricte: la distanciation physique. Depuis le 3 août dernier, la limite maximale de spectateurs est passée de 50 à 250 personnes. Youpi! Cela a permis, par exemple, au Théâtre du Nouveau Monde de… ne pas fermer. Voilà la situation équilibriste dans laquelle patauge le milieu artistique depuis les derniers mois.

Bien entendu, tout n’est pas réglé. Ce seuil de 250 personnes ne rentabilise pas suffisamment les salles de spectacle. Les artistes émergents peinent à se bâtir un nom devant un public si limité. Oubliez aussi les évènements de l’envergure du Festival d’été de Québec qui attire un public monstre maintenant monstrueusement dangereux. Ainsi, la reconnaissance de Québécois à l’étranger s’amincit elle aussi. Ça va mal.

Des issues et des moyens antidérapants ?

Pour y remédier, certains musiciens (je pense à Louis-Jean Cormier ou Klô Pelgag, car je les ai écoutés) en ont profité pour vendre de nouveaux albums. Les humoristes ont pu rire au nez et à la barbe du virus en multipliant les capsules vidéo. L’OSM a organisé une série de concerts pop-up en petits ensembles distanciés pour rester actif jusqu’à l’annonce salutaire de la nouvelle des 250 spectateurs. Le site https://www.leslibraires.ca a vu ses ventes exploser et, en prime, des visites muséales ont été organisées en ligne. Voilà quelques débrouillardises inventives - et loin d’être exhaustives - employées par notre milieu culturel.

Une seconde… ai-je dit notre milieu culturel? Si on ne s’en tient qu’à la musique, l’iceberg de solutions miracles ci-dessus dérive - et se fond - dans un océan de Spotify et d’Apple Music, pour ne nommer que ceux-là. Des géants en ligne se dressent contre nos David québécois, TOU.TV n’étant qu’un tout petit lance-pierres contre la grosse roche portée à bout de bras par le Goliath, Netflix. Pas étonnant que Pierre Lapointe se soit livré à de telles conclusions dans un discours fumant en octobre dernier (voir La colère de Pierre Lapointe et 5 autres moments forts du Gala de l’ADISQ). Pourtant, ce même TOU.TV, La Fabrique Culturelle et un pan d’autres ne lésinent pas pour offrir le milieu culturel québécois à ses utilisateurs.

À vous de vous amuser (en respectant le deux mètres, certes)

Donc, la concurrence étrangère en ligne, qui étouffait déjà nos artistes, empoisonne un milieu déjà ligoté par l’absence forcée de son public. Que faire ?

Loin de moi l’idée de lancer un cri du coeur alarmiste, la portion alarmiste étant déjà établie. Rien ni personne ne peut vous exhorter à modifier vos goûts ni à faire l’effort d’écouter de la musique d’ici ou d’assister à des spectacles d’ici. Justement, un lien artistique se veut naturel et non forcé, on va voir et écouter nos favoris parce que leur art nous rejoint et nous fait vibrer, des fabuleux cheveux de Jean-Philippe Wauthier à des moments Révolution-naires. Cependant, j’ai appris qu’un nouveau service de musique en continu québécois, QUB musique, avait vu le jour. D’un coup, 50 millions de chansons et des listes de lecture québécoises elles aussi sont à votre portée, et ce, dès maintenant. Je vous invite à visiter leur site très clair et honnêtement plutôt joli (dont voici le lien: https://musique.qub.ca/bienvenue). Qui sait ce que vous pourrez y trouver ? Quoi que je ne soie pas encore membre de QUB musique, ce qui est pour très bientôt, je me mets à écouter de plus en plus de Québécois. Par curiosité, l’autre jour, je suis tombé sur Le Tournesol Géant de Babylones, court album que j’adore et que je vous recommande fortement.

En bout de ligne, il ne vous incombe aucune responsabilité artistique. Or, nous cohabitons avec des artisans de textes, de toiles, de chansons ou de douces folies à emporter pour un voyage en horizons rêveurs... comme en voiles peu couverts sur nos savanes d’artifices et de biais. Si le confinement n’a su contenir quelque chose, c’est bien la créativité d’artistes d’ici. Des univers à portée de main n’attendent qu’à être découverts. Embarquez-vous ?

J’aurais voulu être un artiiiiiiiste… mais pas en temps de COVID.

Laurent Porter

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