À toutes celles et ceux et celleux dont la dépression
Dépassera cette longue saison

À tous celleux et celles et ceux que le printemps
Ne rendra pas pimpants

À tous ceux et celleux et celles que le vaccin
N’immunisera pas contre tous les tintouins
Peu importe le nombre de doses
La science ne rend pas tout rose

À qui n’a pas eu le temps
De remonter à la surface
Pour respirer un peu
Juste un peu
Entre les vagues virulentes
Du virus si lent à déguerpir
De notre empire

Car ce n’est pas la fin d’une tempête mondiale
Qui annonce nécessairement celle de l’individu ou de la peuplade
L’orage peut devenir néant
Sans qu’il fasse bon vivre dans l’océan
Et si l’on peut se noyer dans son bain
On peut aussi bien le faire lorsque le rivage semble trop loin
Même si l’eau est désormais calme et que l’on sait nager
Sait-on encore nager?

Nous sommes tous dans le même batea…
FAUX!
Certains ont pour seul flotteur leur corps
À la fois en-dessous et juste au-dessus des morts
Laissés pour compte à des kilomètres de leur contes

Certains ont de lourds objets enchaînés aux pieds
Avec lesquels ils sont tantôt nés
Et qui ne devraient rien peser
Mais qui les font parfois couler
Car les requins s’y accrochent
Et y laissent des roches

Le sel de la mer n’offre pas à tous
La même densité pour flotter
Chacun n’est pas comme à la Mer Morte

Va-t-on continuer de dénoncer
Les requins costumés ou assumés
Et les responsables de la salinité

Va-t-on continuer de compatir
Et d’écouter et d’aider
Les sans-navire
Qui en ont par-dessus la tête
Des boulets à leurs chevilles

…?

Mon bateau n’est pas le meilleur
Oh il a des leurres
Et des pleurs qui sont bien là
Et qui rendent las

Mais il n’est pas le pire
Loin de celui
Qui sans cesse chavire
Et qui ne voit plus les phares
Qui le guideraient dans le noir

Et qui ne voit plus la couleur du jour
Même sous le soleil jaune ou rouge

Même si c’est bientôt le temps des tulipes qui s’ouvrent
Eh bien oui
Même si

Mais son jour viendra