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OPINION
8 novembre 2020

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Le vingt-cinquième anniversaire de l'échec référendaire de 1995 ravive indubitablement des émotions chez les Québécois et ce, qu’ils l’aient vécu ou non. Outre les controverses et polémiques s’y rattachant, un élément qui me semble important de mettre en lumière est ce que je qualifierais du masochisme inconscient d’un peuple qui, année après année, recule et concède davantage.

Deux choses d’abord. Le référendum de 1995 (ou celui de 1980), est un bon point de départ pour illustrer ce concept de masochisme qui s’est manifesté à 50,58% comme un désir de dépendance, d’attachement fort à une autre nation. Ensuite, j’utilise l’adjectif inconscient, car à mon sens ce n’est pas par haine, par dédains ou par mépris de lui-même que le Québec s’est infligé ce dur coup, ou du moins, je lui laisse le bénéfice du doute. L'amour du statu quo et l’amour d’un Canada uni, d’un état démocratique fort, est certainement ce qui a poussé quelques millions de Québécois à finalement dire NON à l’opportunité qu’on leur a présentée. Et c’est ce qui rend le coup si dur: que le refus provienne du peuple lui-même. Notons également que les deux chefs du camp du NON étaient québécois.

Prenons le problème sous un autre angle. Les référendums sont choses du passé, tentons alors d’actualiser ce masochisme inconscient: malgré la présence d’un gouvernement nationaliste au pouvoir, les preuves d’un lent recul continuent de se manifester. Je pense par exemple ici aux récents financements des collèges privés anglophones de la province. Ce masochisme, toujours inconscient, vient selon moi d’une perception bien ancrée dans la société comme quoi le Québec est une majorité en ses frontières. Cette perception, bien évidemment fausse - le Québec ne serait majoritaire qu’en étant souverain - entraîne un certain sentiment de culpabilité, lequel engage à son tour le recul et la conciliation face aux géants anglophones.

Je déplore cette attitude, car s’il y a bien une chose que les récents débats sur la liberté d’expression ont montrée, c’est qu’il y a une différence intrinsèque entre francophones et anglophones. Notre premier ministre, incapable de choisir entre son électorat et la diplomatie internationale, est un pitoyable représentant du Québec. Or, nous nous plaisons à croire que les divergences ne sont que superficielles et que la cohabitation n’en est que plus agréable. Il est viscéral de dénoncer cette inconscience, sous peine de donner raison à Lord Durham qui, en 1839, recommandait l'assimilation des Canadiens français, ce peuple « sans littérature et sans histoire ». Je déplore encore plus le fait que cette assimilation canadienne-française, qui se faisait contre son gré, se fait de plus en plus de bonne volonté. Que ce soit par orgueil, par devoir historique ou par simple fierté nationale, il me semble évident que le Québec doit se libérer du sentiment de conciliation excessive s’il veut être en mesure de pleinement s’émanciper.

Tortionnaire en ses frontières

Thomas Arteau

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