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OPINION

21 avril 2021

La culture du viol dans les films

Béatrice Casgrain-Rodriguez

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Dans les dernières semaines, j’ai été choquée par une nouvelle vague de dénonciations faites par des filles que je connais, agressées par des gars que je connais. J’ai l’impression que c’est un cycle sans fin : des filles dénoncent, on les écoute, on oublie, ça recommence. Et pourtant les choses ont évolué ces dernières années. De plus en plus de femmes parlent publiquement de leurs agressions, il y a eu plus de sensibilisation à ce genre de situations dans la communauté. Mais la culture du viol est si ancrée dans nos sociétés que c’est devenu difficile de s’en départir. La culture du viol est définie comme « un concept qui établit le lien entre les agressions sexuelles et la culture d’une société qui banalise, tolère et même approuve les violences sexuelles. » Notre culture détermine inéluctablement nos modes de socialisation liés à notre manière de penser, d’agir, de sentir. Celle-ci englobe de nombreux éléments tels que les mœurs, les normes ou même les productions artistiques et matérielles. Étant une fervente amatrice du cinéma, je mettrai en lumière certains comportements problématiques qui promeuvent une culture du viol dans 6 films de diverses époques.

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CERTAINES SCÈNES DONT JE VAIS PARLER SONT PROFONDÉMENT CHOQUANTES ET PRÉSENTENT DES SCÈNES DE VIOL EXPLICITES, SI VOUS ÊTES SENSIBLES À ÇA, N’ALLEZ PAS LES ÉCOUTER MERCI.

1. Gone with the wind (1939)

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Gone With the Wind est considéré comme un des plus grands classiques du cinéma de tous les temps. Cependant, il faut rappeler que ce film a été réalisé vers la fin des années 30, une époque où plusieurs comportements montrés à l’écran seraient aujourd’hui considérés comme racistes ou misogynes. D’ailleurs, le racisme qui y est omniprésent a reçu de nombreuses critiques. Ce que j’ai de la difficulté à comprendre, c’est que le comportement de Rhett Butler envers Scarlett O’Hara ne soit pas aussi condamné. Après tout, ils sont encore aujourd’hui perçus comme l’un des couples les plus romantiques dans l’histoire du cinéma. Le scénario met en scène Scarlett O’Hara, une jeune fille de 16 ans, qui se retrouve dans une relation amoureuse avec le riche et élégant Rhett Butler. Lors de la sortie du film, ce dernier était considéré comme l’archétype de l’homme qu’il faudrait être : riche, élégant, sûr de lui. Le spectateur le voit comme l’homme idoine pour Scarlett, une jeune fille entêtée qui est bien trop émotive pour son propre bien.

Dans la scène, Rhett est complètement saoul et chicane sa femme, qui est encore amoureuse de Ashley Wilkes, un homme marié. Effrayée par son comportement, Scarlett se lève pour tenter de partir, mais il la repousse avec force sur sa chaise. Il l’entoure par-derrière et la menace en lui disant qu’il pourrait « la briser en mille morceaux avec ses mains ». Il lui touche le visage sans son consentement et fait mine de lui écraser la tête. Scarlett est évidemment effrayée, mais tente d’avoir l’air sûre d’elle pour se défendre. Pour calmer le jeu, elle lui dit bonne nuit et remonte dans sa chambre. Toutefois, Rhett refuse de la laisser partir et la prend de force en la poussant sur un mur. Son ton est menaçant, autoritaire. Scarlett réussit à partir, mais avant qu’elle ait atteint les escaliers, Rhett court pour l’attraper, la force à l’embrasser sans son consentement, puis la monte contre son gré dans les escaliers en lui disant clairement qu’il va coucher avec elle, qu’elle le veuille ou non. 

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Évidemment, le lendemain matin, Scarlett est joyeuse et enceinte. Cette scène voulait montrer que Rhett aime passionnément Scarlett malgré son infidélité, mais c’est fait d’une manière plus que maladroite et qui encourage à porter des gestes violents pour montrer de l’amour envers une femme. D’ailleurs, tout au long du film, l’idée que la manière d’atteindre le cœur de Scarlett est en forçant les choses est constamment véhiculée. C’est très dommageable pour notre société, car certaines personnes qui regardent ces scènes pourraient être portées à penser que si une fille résiste à des avances, c’est qu’il faut continuer à forcer.

2. Saturday night fever (1977)

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Ce film est surtout connu pour sa bande sonore qui est constituée des meilleures chansons des Bee Gees. Quand on pense à Saturday Night Fever on pense : disco, années 70, danse… Je dois admettre que je n’étais pas du tout mentalement préparée à la lourdeur de ce film la première fois que je l’ai vu. L’histoire suit Tony Manero, un jeune italo-américain qui tente d’échapper à sa dure réalité à travers la danse disco. Tout comme Gone With the Wind, ce film est extrêmement choquant : il contient du racisme, de l’homophobie, du sexisme, des viols.

Scène 1 : 1 h 43 min à

                 1 h 43 min 53 s

Scène 2 : 1 h 44 min 40 s à

                 1 h 45 min 51 s

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Dans la première scène que j’ai choisie, Tony se fâche contre Stéphanie, sa partenaire de danse, parce qu’elle refuse de l’embrasser. Alors qu’elle lui dit d’arrêter, il continue. Il la traite alors de cocktease, une allumeuse, ce qu’elle dément en disant qu’elle est seulement là pour être sa partenaire de danse. Il essaie de la violer. Elle finit par être forcée de le frapper dans les parties génitales pour sortir de la voiture. Tony finit par réaliser son erreur et va voir Stéphanie à son appartement pour s’excuser. Alors qu’il l’a agressée sexuellement quelques heures auparavant, Stéphanie le laisse entrer dans son appartement et s’excuse d’avoir dit qu’elle était avec lui simplement parce qu’il était son partenaire de danse. Elle finit par le pardonner et ils deviennent amis. C’est trop facile. Il essaie de la violer, il s’excuse, elle le pardonne, ils deviennent amis. Le personnage de Stéphanie est fort, pourquoi lui donner une fin aussi subversive ? Son personnage perd de sa force et Tony montre que les erreurs qu’il a commises sont facilement pardonnables. 

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Cette scène était certes très choquante, mais c’est la deuxième qui m’a particulièrement bouleversée. On y voit le personnage d’Annette, une jeune fille qui est amoureuse de Tony tout au long du film. Lorsqu’elle réalise qu’il ne veut pas de relation amoureuse avec elle, elle se tourne vers Joey, un ami de Tony. Elle est sous l’effet de l’alcool et du speed et est contente de se retrouver avec un homme qui la veut. Le fait qu’elle soit si intoxiquée est déjà problématique, mais elle semble apprécier la compagnie de Joey. Les deux ont une relation sexuelle sur la banquette arrière de l’auto, alors que les trois autres amis sont en avant. En plein milieu de la relation, Annette reprend ses esprits et commence à paniquer. Elle apparaît choquée et fait non de la tête à Joey pour qu’il arrête. Elle ferme les yeux dans l’espoir qu’il arrête, ce qu’il ne fait pas. La scène prend une tournure encore plus dramatique lorsque Joey dit à son ami Double J. qu’il peut venir, que c’est son tour. Double J. viole à son tour Annette qui crie et dit non à de multiples reprises devant l’inaction des autres hommes dans la voiture. Après l’évènement, Tony se retourne sur son siège et dit à Annette : « Es-tu fière de toi maintenant ? Bien. Maintenant tu es une salope. » Annette finit par repartir avec ses deux violeurs. Annette, qui est la victime dans toute l’histoire, apparaît comme celle qui a incité le viol par son comportement. Le fait qu’aucun des hommes dans la voiture ne prenne réellement conscience de leurs actes montre une banalisation importante du viol. Ils ne subissent aucune conséquence.

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Le film montre deux viols, un fait sur une femme perçue comme forte, désirable. Elle réussit à se défendre et cela fait d’elle une bonne fille. L’autre est considérée comme faible, indésirable. Elle voulait des relations sexuelles avec Tony ? Elle est punie en étant violée. Mais ultimement, aucune des deux n’est en contrôle. Les hommes sont ceux en contrôle et il n’y a aucune façon de se protéger en tant que femme, il faut seulement faire son possible et oublier. 

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3. blade runner (1982)

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Ce n’est que récemment que j’ai écouté le classique de science-fiction, Blade Runner. Je n’avais entendu que de bons commentaires sur le film, que c’était un « chef-d’œuvre du visionnaire Ridley Scott. » Lorsque j’ai commencé à écouter le film avec ma sœur, j’ai été charmée. L’ambiance un peu glauque d’un monde dystopique où les Réplicants, des androïdes, sont pourchassés, m’a tout de suite plu. C’est environ à la moitié du film que ma sœur et moi nous sommes regardées en nous disant : « Euh, c’est du viol ça. »

             1 h 10 min 32 s

                         à

             1 h 12 min 39 s

Pour mieux comprendre la scène, il faut savoir que Rick Deckard est un blade runner, soit un chasseur de réplicants. Rachael, quant à elle, est (spoiler alert) un réplicant qui pense être un humain. Les deux sont dans l’appartement de Deckard en train de jouer du piano. Rachael vient d’apprendre qu’elle n’est pas réellement humaine et que ses souvenirs sont en réalité ceux de la nièce de son créateur. Sans aucun accord de la part Rachael, Deckard lui baise le cou puis tente de l’embrasser sur la bouche. Elle recule, se lève, et va en direction de la porte. Il l’empêche de partir, la prend de force, et la pousse violemment sur une fenêtre. Rachael pleure doucement alors qu’il l’embrasse de force. Évidemment, pour faire comprendre au spectateur que c’est romantique, une musique sensuelle se fait entendre. Il lui dit ensuite : « Maintenant, embrasse-moi. » Il l’oblige à lui demander de l’embrasser, ce qu’elle dit, désemparée. Il la force à dire des choses telles que « Je te veux. » ou « Mets tes mains sur moi. » Le tout finit dans une embrassade qui indique qu’ils vont sûrement coucher ensemble.

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Certes, certains pourraient dire que Rachael n’est même pas humaine et que son comportement est seulement dû au fait qu’elle ne sait pas comment réagir en sachant qu’elle est un réplicant. Toutefois, cela ne devrait pas permettre à Deckard d’avoir un comportement de prédateur avec elle. Le tout est joué comme une scène romantique (l’extrait se nomme d’ailleurs Love Scene) entre une femme qui ne sait pas vraiment ce qu’elle veut et un homme qui lui montre le droit chemin, même s’il doit user de violence. Combien de jeunes hommes ont écouté cette scène en se disant que pour être romantique, il faut insister jusqu’à ce que la fille dise oui ? La relation entre Deckard et Rachael aurait pu être montrée de manière bien plus pertinente sans qu’il ne soit obligé de l’agresser sexuellement pour qu’ils finissent ensemble.

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4. sixteen candles (1984)

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Sixteen Candles a marqué une génération entière d’adolescents. Sam, une jeune adolescente réservée qui fête son 16e anniversaire, passe une journée rocambolesque, alors que sa sœur se marie, qu’elle reçoit un étudiant étranger, qu’elle parle au garçon le plus populaire de son école tout en étant aimée du moins populaire en même temps. Quand j’étais plus jeune, ce film était un de mes préférés. L’ambiance années 80 à souhait en plus de l’attachante Sam, jouée par Molly Ringwald, et du beau Jake Ryan, joué par Michael Schoeffling, en faisait une comédie romantique parfaite. Mon opinion a bien changé depuis. L’histoire est amusante, malgré les personnages très stéréotypés, mais une des sous-intrigues du film implique un viol qui est glorifié.

Dans l’intrigue en question, on voit Jake Ryan qui fait le tour de sa maison, complètement ravagée par la fête qu’il vient de donner. Il commence alors une conversation avec le geek. Malgré leur statut social dans l’école complètement différent, ils s’entendent bien et commencent à parler de filles. Jake commence à lui expliquer qu’il est très intéressé par Sam. Le geek apprend à Jake que Sam est amoureuse de lui, mais que s’il ne veut que du cul avec elle, il va lui botter les fesses. Bon, jusque-là, c’est plutôt patriarcal comme conversation, mais ce qui choque vraiment c’est la réponse de Jake : « Je peux avoir du cul à n’importe quel moment. J’ai Caroline [son amoureuse qui est la fille la plus populaire de l’école] en haut évanouie dans la chambre. Je pourrais la violer de 10 manières différentes si je le voulais. » Alors qu’on pourrait croire que le geek dirait quelque chose pour défendre Caroline également, il ne fait que demander : « Qu’est-ce que tu attends ? » Jake explique alors qu’il ne veut pas violer sa copine parce qu’elle n’est pas sensible, n’est pas sérieuse dans la relation, que tout ce qu’elle veut, c’est faire la fête et qu’elle ne comprend pas l’amour. 

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Pour ajouter une couche supplémentaire, Jake demande au geek de reconduire Caroline dans son automobile en sachant qu’il n’a pas de permis et en lui disant qu’il peut faire ce qu’il veut avec elle. De toute façon, elle est trop saoule pour en avoir conscience. Pour montrer qu’il a vraiment reconduit en voiture Caroline, le geek décide de prendre une photo avec elle sans son consentement. Le lendemain matin, elle lui dit qu’elle est plutôt certaine d’avoir couché avec lui, mais qu’elle a un vague sentiment qu’elle a aimé ça. N’oublions pas ici que Caroline s’est réveillée à côté de quelqu’un qu’elle ne connait pas, alors qu’elle pensait s’être réveillée avec son copain. Lorsqu’elle en parle avec Jake, il s’excuse de l’avoir laissée partir avec un inconnu, ce à quoi elle répond : « Oh ! Ce n’est pas grave. Je m’excuse pour la fête. »

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La conversation entre les deux garçons est très clairement misogyne et montre à quel point ils sont déconnectés des sentiments de Caroline. Ils ne se rendent pas compte une seule seconde que ce qu’ils font est mal. Caroline est considérée comme une femme-objet, superficielle et qui n’est là que pour répondre à leurs désirs. Encore une fois, il y a un discours de victim blaming : c’est de sa faute si elle a trop bu. Si le réalisateur nous influence à être du côté du geek en célébrant qu’il ait enfin réussi à coucher avec quelqu’un, c’est avec horreur qu’on comprend que la scène qui vient d’être jouée devant nous est un viol qui ne devrait pas être toléré. La réaction de Caroline est fruit de l’imagination d’un homme blanc des années 80. Dans la réalité Caroline est marquée à jamais par son agression. 

5. americaN pie (1999)

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American Pie est, encore une fois, un film pour adolescents, une comédie salée, qui suit la vie de quatre jeunes : Jim, Oz, Finch et Kevin, quelques mois avant qu’ils finissent leur école secondaire. Les quatre ont fait un pacte : ils devront réussir à perdre leur virginité avant la fin de l’année scolaire. Les prémisses du film montrent une certaine masculinité toxique, c’est certain. En effet, l’idée entière de perte obligatoire de virginité avant d’aller à l’université met de la pression inutile sur les quatre garçons, qui se sentent forcés de coucher avec une fille juste pour répondre à des standards qu’ils se sont auto-imposés. S’ils réalisent à la fin que l’obsession avec le sexe met de la pression inutile sur leurs épaules. (Spoiler alert!) Ils réussissent tous néanmoins à ne plus être puceaux à la fin du film. Le style plutôt grivois du film est ce qui lui donne du charme, mais certaines scènes misogynes sont transformées en scènes comiques pour tenter de les rendre acceptables.

             0 h 44 min 22 s

                         à

             0 h 52 min 39 s

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Dans la scène en question, Nadia, une étudiante étrangère, vient de demander à aller chez Jim pour qu’il l’aide à faire des devoirs. Le seul problème est qu’elle vient de revenir de sa pratique de ballet et a donc besoin de se changer. Jim lui propose alors de se changer dans sa chambre. Jusque-là, rien d’alarmant. Toutefois, encouragé par ses amis et Stifler (probablement l’image même du prédateur), il décide de filmer Nadia en train de se changer dans sa chambre et de partager la vidéo en direct avec tous ses amis. Nadia est donc filmée nue, à son insu, et Jim tente même de coucher avec elle alors que la caméra filme toujours. Le lendemain, Jim, qui a partagé la vidéo par erreur à toute l’école et pas seulement à ses amis, devient la risée de l’école pour ne pas avoir réussi à coucher avec Nadia. Le problème avec cette scène est que Jim n’est pas condamné pour avoir partagé l’image de Nadia nue, il est plutôt ridiculisé pour avoir été trop excité par celle-ci et de ce fait être venu trop vite. Quant à Nadia, qui n’a rien fait de mal, elle est renvoyée chez elle.

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Jim a gâché l’échange de Nadia en mettant son image sur les réseaux sociaux. Pire encore, Jim n’est pas du tout puni pour ses actions, l’école ne fait rien, c’est seulement Nadia qui reçoit des réprimandes. Nadia n’a jamais donné son consentement, elle doit se sentir trahie et humiliée que des centaines de gens aient vu son corps nu, non ? On ne le saura jamais, puisque l’incident n’est pas vraiment discuté dans le film. La femme a le droit d’avoir le contrôle sur son image et ce que Jim a fait est un viol de sa vie privée et une atteinte à sa dignité. Quant au fait que Jim soit ridiculisé pour sa précocité, c’est un autre problème important qui perpétue l’idée de l’importance de la performance sexuelle d’un homme, sans quoi il sera humilié sur la place publique.

6. the kissing booth (2019)

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Le dernier film dont je voulais discuter est The Kissing Booth. Le film suit Elle, une jeune fille de 16 ans, qui tombe amoureuse du frère aîné de son meilleur ami alors qu’ils s’étaient mis comme règle de ne pas sortir avec les membres de la famille de l’autre. Elle doit alors décider entre amour et amitié. Cette comédie romantique est teintée d’un patriarcat si évident qu’elle devient, à plusieurs reprises, difficile à regarder sans être dégoûté. Dès sa sortie, le film est devenu extrêmement populaire, particulièrement auprès des jeunes adolescentes qui se reconnaissaient dans le personnage d’Elle. Ce film utilise tellement de clichés que l’histoire finit par perdre de son sens. Un des clichés les plus importants est celui de la romantisation du bad boy. La relation entre Elle et Noah n’est pas saine du tout et ne devrait pas être à la base d’une trilogie cinématographique.

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Scène 1 : 0 h 08 min 50s à

                 0 h 11 min 30 s

Scène 2 : 0 h 14 min 42 s à

                 0 h 16 min 28 s

Dans la scène présentée, Elle est obligée de mettre une jupe trop courte pour elle, parce qu’elle n’a rien d’autre à se mettre. En arrivant à l’école, elle se fait tripoter les fesses par un de ses collègues, Tuppen. Son meilleur ami essaie par conséquent de la défendre, mais avant qu’il ne fasse quelque chose, son grand frère Noah commence à se battre avec Tuppen. Noah, Tuppen et Elle sont donc envoyés au bureau du directeur. 

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S’ensuit alors une conversation entre Noah et Elle alors qu’ils attendent devant le bureau du directeur. Il commence en disant : « Personne ne devrait traiter une fille comme ça. » Ce qui est absolument vrai. Il ajoute : « Surtout toi ». Bon… toutes les filles ne devraient pas être traitées comme ça, mais je comprends qu’il a un attachement parce que c’est une amie de famille… Il poursuit : « C’est comme si les gars voulaient être dans les culottes de ma petite sœur. » Deux secondes, le problème n’est pas que quelqu’un d’autre soit intéressé par Elle, mais bien qu’un autre gars l’ait agressée sans son consentement. Ce que le personnage de Tuppen a fait est inacceptable et ne devrait rendre jaloux personne. Il ajoute enfin : « Avec une jupe aussi courte, c’est un appel au viol. » Cette phrase est du victim blaming net et évident. Si Elle s’est faite agressée ce n’est pas sa faute, mais bien celle de son agresseur. Ce qu’elle porte n’a aucun lien. Même si Elle est choquée par ce qu’il vient de dire, elle reste amoureuse de lui. Sa discussion avec le directeur n’est pas vraiment meilleure : il la punit pour avoir porté une jupe trop courte et dit que Tuppen va être puni sans que ce ne soit jamais montré dans le film. 

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Dans la scène suivante, on voit Tuppen donner une note à Elle en plein cours où il est écrit « Je suis désolé ». Il lui demande ensuite ce qu’il devrait faire pour avoir son numéro et elle l’oblige à s’habiller en jupe en classe à la grande hilarité de ses compagnons de classe. L’agression de Tuppen est banalisée et la réaction d’Elle montre un flagrant détachement de la réalité des jeunes filles. Après tout, elle le pardonne alors qu’il ne lui a pas dit un seul mot, il lui a seulement envoyé un papier avec 3 mots, puis elle décide d’aller en date avec la personne qui lui a touché les fesses sans son consentement devant toute l’école. Cela sonne-t-il comme quelque chose de réaliste ? J’en doute fort. Le film ne prend pas au sérieux l’agression sexuelle subite par Elle et tolère des gestes déplacés, ce qui envoie un message négatif au public. 

 

 La culture du viol est bien présente autour de nous. Elle l’est depuis trop longtemps. Il est important de reconnaître les actes qui encouragent cette culture qui est dommageable pour tous : autant les jeunes filles, qui se sentent constamment en danger d’être agressées, que les garçons, qui apprennent à avoir un comportement de prédateur pour se mouler dans la société. Déconstruisons les scénarios sexistes. Cherchons de nouvelles manières de faire tomber deux personnages en amour.

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