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OPINION

25 octobre

Une vie sans viande

An Meilodi Paquet

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J’en ai assez de me faire dire que nous, êtres humains, mangeons de la viande depuis la nuit des temps. Je ne vous partagerai pas toutes ces études qui prouvent les bénéfices de diminuer la consommation de viande ou celles qui vous affirment que nous n’en avons pas toujours mangé. Je ne vous présenterai pas non plus les réfutations qui soulèvent les risques de cesser la consommation animale. Je ne souhaite pas convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Humblement, je veux vous présenter la possibilité d’une alternative alimentaire.

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Si vous aimez les étiquettes, je dirais donc que je suis une personne végétarienne. Selon la définition, cela signifie que je ne mange aucun animal. Pas de poisson. Pas de poulet. Pas de gélatine comme en contiennent la plupart des sauces et des sucreries. Cependant, le végétarisme inclut la consommation d’œufs, de fromage, de lait et de miel. C’est ce qui le différencie du végétalisme, de son anglicisme véganisme, qui propose de ne consommer aucun produit provenant des animaux. 

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Mon choix ne se base pas exclusivement sur les études scientifiques. Il ne s’agit plus d’une question de bien ou de mal. Je vous assure que le corps humain n’est pas destiné à être assis quotidiennement huit longues heures devant cette éducation académique substituée par la technologie comme la communauté étudiante l’a vécu pendant cette pandémie. Le corps humain n’est pas préparé à être dépourvu de contacts sociaux, à être isolé de ses proches, de ses enfants et de sa famille pendant une période indéterminée. Le corps humain n’est pas fait pour passer son temps penché sur l’addictive technologie. Le corps humain n’est pas censé travailler avec acharnement, 60 heures par semaine, à un endroit pour lequel il ressent du mépris. Or, ce sont toutes des choses que nous faisons, malgré tout, comme des moutons afin de bien alimenter notre marginalité. Nous faisons de multiples de choses pour de multiples raisons sans réellement prêter attention à ce qui doit être fait. Nous choisissons en fonction de notre culture, de notre éducation, de nos valeurs, de nos goûts et de nos buts. 

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Ma banale histoire semble en perturber plusieurs. J’ai toujours eu une relation spéciale avec la nourriture : j’adore manger et je mange pour deux. J’ai également toujours ressenti toujours une légère sensibilité en retrouvant des animaux meurtris sur mon assiette. J’avoue que cette douce culpabilité a poussé cette rétrospection. Je me souviens avoir dit, du haut de mes 12 ans et trois quarts, que je ne pouvais me permettre de proscrire de la viande de mon alimentation puisque c’était trop compliqué et parce que mon corps en avait besoin. Avais-je tort ou bien avais-je raison ? La question n’est pas là. Je craignais d’essayer parce que la société me disait que je ne pouvais pas en décider pour moi-même. 

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Ensuite, je ne le cacherai pas. Mes papilles gustatives raffolaient de la viande. Le succulent bouilli de grand-mère me semblait irrésistible. Autrement dit, puisque j’ai grandi avec la viande comme élément central à chaque repas, j’ai appris à aimer ça. Aussi, croyez-moi, lorsque j’ai goûté pour la première fois au tofu sans aucun assaisonnement, je me suis dit « plus jamais » et je traitais cet aliment mal aimé comme un ennemi. À cette époque, mon étroit esprit avait abandonné l’idée d’un régime alimentaire végétarien. Pourtant, les goûts se développent continuellement.

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Le temps s’est écoulé et mes valeurs se sont forgées. Un matin d’octobre, j’ai subitement fait le choix de cesser de manger de la viande. Du jour au lendemain. Littéralement. Je me souviens m’être dit « si ce n’est pas aujourd’hui, alors quand ? » À mon réveil ce matin-là, comme plusieurs autres choix dans ma vie, mon impulsivité a guidé mon raisonnement. À l’école secondaire, j’ai annoncé ma décision. J’en ai étonné plusieurs et fait rire certains : « ça ne durera pas », « pourquoi fais-tu ça ? », « tu es courageux·se, je ne pourrais jamais ». 

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J’ai décidé que c’était assez. Assez de suivre ce que la société prétend être le meilleur pour moi. Assez de souffrance pour ces animaux. Assez de faire tourner une économie horriblement capitaliste bâtie sur la mort d’êtres vivants. Assez de prioriser mes égoïstes goûts alimentaires avant la primauté d’une vie. Assez d’être un mouton qui mange d’autres moutons parce que c’est comme ça que nous faisons « depuis la nuit des temps ». 

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Ça fait maintenant quatre ans. Les premiers mois ont été étonnamment faciles. C’était nouveau. J’ai découvert de nouveaux aliments et les choses semblaient en perspective. J’ai honnêtement senti une hausse d’énergie et je me sentais plus en santé. Effets psychologiques me direz-vous. Peut-être que oui, peut-être que non. C’est simplement ainsi que je me sentais. Puis, plus je me rapprochais d’une année entière sans viande, plus je remarquais les endroits et les repas que je m’empêchais de côtoyer. J’ai également commencé à avoir de fortes envies, communément appelées « cravings », semblables à un sevrage. Les mois ont passé et l’intense envie a progressivement diminué. Oui, les soupers chez les amis ou la famille se sont complexifiés. J’ai alors renoncé à certains événements qui ne correspondaient plus à mes valeurs. Toutefois, si vous saviez à quel point j’économisais et à quel point j’économise toujours, particulièrement sur la restauration rapide populaire, pour ne pas dire celui dont on ne doit pas prononcer le nom. 

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Il y a deux ans, avant le début de la pandémie, je me préparais à aller vivre au Nicaragua pendant trois mois. Lors de ce séjour, on m’aurait invité à manger de la viande et j’aurais accepté. C’est une culture différente, un élevage de bétail distinct et j’y allais dans un but de découvrir autrui. Je souhaitais apprendre le mode de vie de ces communautés, ce qui veut dire que oui, j’aurais donc mangé des animaux morts, pourtant différemment traités. Cela ne m’aurait pas empêché, à mon retour au Québec, de me réapproprier ce régime alimentaire. 

 

Ensuite, j’ai choisi d’éradiquer ma consommation animale candidement parce que je peux me le permettre. Ce n’est pas une obligation ou une limitation en raison d’une allergie. En effet, j’ai remarqué que mon mode de vie ainsi que la région occidentale dans laquelle je vis me permettent de prendre cette décision. Autrement dit, j’ai conscience que la totalité de la planète ne pourrait actuellement pas adopter ce régime alimentaire. Cependant, ça ne m’empêche aucunement de choisir différemment. Il y a tellement d’alternatives à la viande. De nouveaux horizons culinaires s’ouvraient à moi. Il ne faut cependant pas omettre de souligner les risques, parce que, oui, il y en a. C’est aussi ce que je remarque lorsque ces compagnies toujours aussi capitalistes tentent de s’enrichir avec les personnes, qui abolissent la chair animale de leur alimentation, en créant de nouveaux produits comestibles débordant de produits chimiques modifiés.

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Je fais ce choix afin de protéger les êtres vivants qui n’ont pas de voix pour se défendre, mais je choisis cela principalement pour moi-même, aussi égoïste suis-je. C’est un défi. Je ne mentirai pas. Ça demande l’adaptation du corps et de l’esprit. Les risques sont présents, mais, pour ma personne, ça en vaut tellement la peine et je ne regrette absolument pas ce choix.

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Si cela vous intéresse, je vous recommande fortement de vous informer sur ce sujet pour le moins controversé, en commençant par les articles ci-dessous auprès desquels j’ai obtenu certains renseignements.

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Bref,

Références

Béliveau, Richard. « LES DÉRIVES NÉFASTES DU VÉGÉTARISME ET DU VÉGANISME ». Le Journal de Montréal, 29 août 2020, 44.

 

Bourban, Michel. « Covid-19, pollution, maltraitance animale : la consommation de produits animaux nuit à notre santé ». HuffPost - France (site web), 1 octobre 2020. https://nouveau-eureka-cc.ezproxy.cegep-ste-foy.qc.ca/Link/sfoyfra/news·20201001·HUF·060.

 

Charlebois, Dr Sylvain. « Le Canada compte près de 600 000 véganes, le plus haut taux enregistré en trois ans ». La Tribune (Sherbrooke, QC) (tablette), 28 juillet 2020. https://nouveau-eureka-cc.ezproxy.cegep-ste-foy.qc.ca/Link/sfoyfra/news·20200728·TTB·85d61d7c62406649d0de36136d2f756f.

 

« Végétarisme | l’Encyclopédie Canadienne ». Consulté le 2 octobre 2021. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/vegetarisme.

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Correction: Matisse Rivet

​Mise en page : Emmanuel Brouillette

Peinture Vertumne d'Arcimboldo

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