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OPINION

27 novembre 2020

Une « Charette » de fleurs fanées pour Legault

Laurent Porter

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Il serait faux de dire que nous élisons au Québec, bien qu’avec un taux de participation de près de 30%, des poltrons qui se moquent de l’environnement, mais…

 

Avant d’entrer dans les détails d’une potentielle apocalypse se rapprochant inexorablement de notre réalité actuelle et causée par ce système capitaliste qui engrange des revenus qui grugent le moral, vérifions quelques faits. En effet, je suis profondément persuadé qu’il est impossible de convaincre quelqu’un de se mobiliser uniquement à l’aide d’une peur morbide de l’avenir reflétant une impuissance illusoire.

 

Par où commencer? Par nous.

 

Il devient contraignant de poser d’office des conclusions auxquelles on préférerait ne pas penser. Pourquoi se préoccuper d’épouvantables catastrophes chimériques qui ne se sont même pas produites?

Notre mode de vie occidental est, et j’espère ne rien vous apprendre ici, profondément basé sur l’argent. Plus on possède d’argent, plus on peut combler de besoins. Remarquez ici l’aliénation qui s’immisce au sein de nos vies: acheter pour combler nous conduit à acheter pour acheter sans faire appel à nos réels besoins, quels qu’ils soient. Autrement dit, plus la croissance économique se poursuit, plus il est facile de prétendre que de vouloir notre bien-être économique individualisé contribue pour le mieux au bien commun. Donc, l’égocentrisme humain trouve son apogée dans l’accroissement infini de l’intérêt individuel, le tout dans une vision anthropocentriste au détriment du reste.

Assez parlé d’argent, vous aurez vite compris que la moralité restreinte découlant de notre mode de pensée capitaliste me dégoûte au plus haut point.

 

Parlons maintenant de cette nature qui nous émeut, qui nous fait vivre et qui nous permet de grandir. Parlons de cette Terre qui nous est commune et qui est en danger d’extinction, d’essoufflement, de Jour du dépassement un 2 janvier.

Parlons aussi de nous, êtres humains qui justement sommes humains par notre capacité à se mettre  dans la peau d’autres qui partagent notre quotidien. On dira ce qu’on voudra, mais à travers chacun d’entre nous pullulent tant de trésors à partager qui se ressemblent beaucoup. C’est ça, penser en commun, et ça soulage tellement.

À la fois la nature et nous, Québécois, sommes en jeu.

 

Étrangement, il y a quelque chose de profondément sain aux revendications récentes du mouvement écologiste. Quoique nous sommes en train de nous inquiéter à un point souvent malsain, nous nous inquiétons pour ce que nous croyons juste: nous autres et la Terre. D’autant que je sache, nous ne survivons pas sans ces deux balises. D’ailleurs, la collapsologie est un courant de pensée préfigurant l’effondrement prochain de notre monde. Je vous recommande de jeter un coup d’oeil à cette captivante vidéo sur le sujet.

 

Qui revendique? Des adolescents et jeunes adultes, des enfants, des personnes âgées, des scientifiques, des philosophes, des économistes, bref, des gens partout à travers la planète qui veulent du changement maintenant. Quels changements voulons-nous? Ces changements pourraient facilement faire l’objet d’un autre texte tant ils sont nombreux. Sauver des espèces en voie de disparition, limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, empêcher l’exploitation pétrolière et oeuvrer contre les inondations liées à la fonte de la calotte glaciaire...Tout aussi divers ces changements soient-ils, ils se centrent tous autour d’une volonté de respecter le seul havre de vie que nous avons à notre disposition: la planète.

 

Comment produire un tel changement chez nous, au Québec? On pense que les lois sont le moteur de tels détournements, mais le sont-elles vraiment?

 

Au début du mandat du gouvernement Legault, MarieChantal (je suis toujours surpris que cela s’écrive en un mot) Chassé a donné une mémorable performance par son congédiement rapide pour des problèmes avec la presse parlementaire. Elle a donc été remplacée fissa par Benoît Charette.

 

Si on pense à un événement environnemental majeur ayant eu lieu au Québec durant son mandat de ministre, et je dis bien un, c’est sans doute à la manifestation du 27 septembre. Greta manifestait, 500 000 personnes revendiquaient pour un monde plus écoresponsable dans les rues de Montréal et un nombre record de manifestants marchaient ici aussi à Québec. Fait intéressant: Greta Thunberg est venue à Montréal suite à l’invitation que lui ont lancée les membres du collectif « La planète s’invite au Parlement ». Celui-ci, organisateur de la fameuse marche du 27 septembre, s’opposait clairement à la présence du ministre «de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques» à cette marche... de l’environnement luttant contre les changements climatiques. Un merveilleux « À moins que vous teniez à manifester contre vous-mêmes?» avait été décoché en direction du ministre. Évidemment, l’appui gouvernemental envers le projet GNL Québec justifiait parfaitement cette jolie flèche. Quoiqu’on parle du provincial ici, rappelons que ce jour-là, Justin Trudeau avait effectivement manifesté contre lui-même.

 

Récemment, la CAQ a déposé un plan d’action environnemental. 6,7 milliards investis sur 5 ans visent à promouvoir le développement économique tout en réduisant les GES de 50% de l’objectif. Plusieurs inepties trônent au sein de ces phrases. Ainsi, le développement économique (soit la même croissance économique décriée pour son aliénation, son injustice et sa propension à user trop vite de nos ressources naturelles) est alliée à l’environnement. De plus, cet investissement n’atteindrait que la moitié de l’objectif de réduction de GES d’ici 2030 s’il est mené à terme. Le projet s’est, en bon français, fait varloper par moult détracteurs, parmi lesquels chacun des partis d’opposition, des organisations environnementales majeures et des syndicats occupent une place importante. Quoique le projet soit un investissement environnemental et semble promettre une avancée dans certains domaines dont l’électrification des transports, la conclusion choque: c’est trop peu.

 

S’il tente de créer une rupture avec les années du gouvernement Couillard où les émissions de GES ont augmenté, c’est insuffisant quand l’ombre du 1,5 degrés Celsius plane aux alentours. Ce projet ne répond pas à l’urgence climatique actuelle. C’est justement pourquoi j’utilise une police «Comic Sans MS» dans ce texte; cela représente des comiques sans mesures sérieuses en matière d’environnement.

 

Déprimant, n’est-ce pas? Pourtant, il y a de l’espoir. Après l’envoi de 3000 mémoires québécois contre GNL Québec au BAPE (dont un mémoire collectif signé par le Cégep de Sainte-Foy!), cet organisme n’a eu d’autre choix que de considérer sérieusement à s’opposer au projet. Par la suite, les présidents de GNL et de Gazoduq ont démissionné l’un après l’autre! En effet, des investisseurs importants se sont retirés du projet, ce qui joue en la faveur de l’environnement.

 

Après tout, s’il faut se battre et qu’on ne peut pas vraiment faire confiance au gouvernement pour amener le changement à notre place, nous, Québécois, saurons être entendus. Il n’est pas question de laisser notre avenir à tous nous filer entre les doigts. Plus nous nous battrons, plus notre avenir brillera de plus belle! À nous de jouer. Êtes-vous prêts?

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